La Banque Nationale investit des dizaines de millions dans Unimax pour participer à l’expansion du distributeur de pneus de Boucherville et s’inscrire au capital-actions.

Le montant exact de l’investissement n’est pas précisé, mais il donnera à l’institution bancaire québécoise une participation de 30 % dans Unimax. C’est la première fois de l’histoire d’Unimax qu’un investisseur institutionnel devient actionnaire.

La transaction avec la Banque Nationale permet le rachat par Unimax de 100 % des actions de Distribution Stox, un distributeur des produits d’Unimax. Cette opération doit donner un meilleur pouvoir d’achat par rapport aux fabricants de pneus en plus de générer des efficacités opérationnelles.

Une partie des fonds doit aussi servir à réaliser l’acquisition de distributeurs indépendants de pneus afin notamment d’étendre la présence de l’entreprise à l’extérieur du Québec, un marché fragmenté où la direction voit des occasions.

Unimax a réalisé une dizaine d’acquisitions au cours des cinq dernières années.

Avec un chiffre d’affaires de quelque 600 millions, Unimax se spécialise dans la distribution de pneus au pays, mais est aussi gestionnaire d’un réseau de 900 détaillants qui s’affichent sous une poignée d’enseignes, dont Point S.

Unimax compte 22 entrepôts au pays et dessert plus de 5000 clients (détaillants indépendants, concessionnaires automobiles et commerçants en ligne).

Nouvelle façon d’investir

La Banque Nationale investit dans Unimax par l’entremise de son Fonds croissance PME Banque Nationale et d’un nouveau véhicule d’investissement. Pour réaliser la transaction, l’organisation a formé un groupe d’une quarantaine de clients-investisseurs fortunés de la banque (entrepreneurs, familles en affaires, etc.) et créé un mini-fonds sous la forme d’une société en commandite qui a l’objectif d’investir dans une seule entreprise, c’est-à-dire Unimax.

Le vice-président exécutif, directeur général et chef des placements privés à la Banque Nationale, Luc Ménard, explique que la banque a vu en Unimax une occasion d’offrir un placement privé à sa clientèle fortunée en gestion de patrimoine.

Une certaine clientèle aime l’idée d’investir dans une seule entreprise, dit-il. « Il y a des gens qui aiment un secteur précis et pas certains autres. »

Ce type de placement demeure toutefois un produit risqué moins liquide que d’autres et n’est pas fait pour tous les investisseurs. « Ce n’est pas le même niveau de risque », dit Luc Ménard.

C’est par contre un modèle appelé à gagner en popularité parce qu’il permet à un type de clients d’avoir accès à des placements privés, ajoute-t-il. « Ça amène plus de profondeur à notre offre de services. »

La Banque Nationale et ses clients-investisseurs se joignent ainsi à un groupe d’une soixantaine d’actionnaires d’Unimax, majoritairement des marchands québécois (ateliers mécaniques et distributeurs).

Cette opération survient alors que le président et chef de la direction d’Unimax, Jean Novak, vient de succéder à Bruno Leclair, qui prend sa retraite ce printemps mais demeurera au conseil.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Bruno Leclair, en 2015

Le marché du pneu de remplacement au pays est évalué à 27 millions de pneus et la part d’Unimax atteint 3 millions de pneus, c’est-à-dire environ 12 %. « On veut accroître notre part. Évidemment, on ne se rendra pas à 50 % dans les prochaines années », dit Jean Novak, en entrevue.

On va y aller successivement, une bouchée à la fois, pour augmenter notre pénétration dans le marché de la distribution et, par le fait même, augmenter le nombre de gens qui nous feront confiance pour la gestion de leur enseigne et de leur atelier.

Jean Novak, président et chef de la direction d’Unimax

Plusieurs éléments alimentent l’industrie du pneu. Le parc de véhicules augmente de 1,6 % par année, bien que le nombre de kilomètres par voiture ait diminué durant la pandémie, dit Jean Novak. « Le coût des matières premières subit des pressions à la hausse et le prix des pneus est en hausse en raison du diamètre des roues qui augmente en lien avec les constructeurs qui sortent de nouveaux modèles. »

Des tendances à long terme touchant l’industrie, notamment en rapport à l’électrification du parc de véhicules, agissent à titre de catalyseurs de croissance.

« La consommation de pneus était plus grande au début pour les véhicules électriques en raison du poids des véhicules qui avait un impact sur les pneus. Les manufacturiers de pneus tentent d’adapter leurs produits au poids des véhicules électriques, mais aussi pour améliorer la douceur du roulement », explique Jean Novak.

« On voit une grande opportunité avec l’électrification des véhicules. Les pneus deviennent de plus en plus spécialisés », dit Luc Ménard.

« Tous les constructeurs d’autos électriques voudront déployer un réseau de succursales. On voit ça comme une opportunité. »