L’impasse persiste entre Bombardier et 1800 de ses travailleurs québécois responsables notamment de l’assemblage des jets privés Challenger, qui rejettent à la quasi-unanimité (99,6 %) l’offre de l’avionneur, en plus d’ouvrir la porte à un arrêt de travail si rien ne bouge.

Réunis au Palais des congrès de Montréal, dimanche, les travailleurs représentés par l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA) se sont dotés d’un mandat de grève. Cette proposition a été appuyée à hauteur de 98,8 %. Selon la partie syndicale, environ 1300 personnes étaient présentes à l’assemblée.

« Les travailleurs, ils nous parlent beaucoup de l’augmentation du coût de la vie, affirme l’agent d’affaires Éric Rancourt, en entrevue. On est loin de ce que les membres veulent et de ce que l’employeur est prêt à offrir. »

Bombardier propose un contrat de travail de trois avec une hausse salariale de 2,5 % pour la première année et des augmentations de 2 % les deux années suivantes. L’inflation a été de 6,7 % en mars au Canada – un sommet depuis 1991.

M. Rancourt affirme que le côté normatif de la proposition est adéquat, notamment tout ce qui touche les régimes de retraite, les assurances, ainsi que les vacances. C’est sur la question salariale qu’on ne s’entend pas. Celui-ci n’a pas voulu dire ce qu’il demandait comme hausses salariales pour ses membres.

Le mandat que l’on a, c’est zéro recul. Quand on regarde l’inflation, ce n’est pas l’impression que l’on a. C’est nettement insuffisant du côté monétaire.

L’agent d’affaires Éric Rancourt

Avant de déclencher une grève, l’AIMTA devra à nouveau faire voter ses membres. Le syndicat souhaite relancer les négociations « rapidement », dit M. Rancourt. Dans une déclaration envoyée par courriel, l’avionneur s’est dit déçu du rejet d’une offre « équitable ».

« Nous retournerons rapidement en toute bonne foi à la table de négociations pour parvenir à une entente, a écrit la porte-parole de l’entreprise, Anna Cristofaro. Nous demeurons confiants de parvenir à une entente tout en continuant nos activités quotidiennes. »

Ce rejet des syndiqués de l’AIMTA survient alors que les cinq principaux dirigeants de Bombardier ont vu leur rémunération globale s’établir à environ 21 millions l’an dernier. Ils se sont partagé des primes en espèces de 7,2 millions.

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Des mois de négos

La convention des 1800 salariés est venue à échéance en décembre dernier. Les négociations avaient débuté quelques mois auparavant. Les travailleurs concernés assemblent les Challenger à Dorval et travaillent également dans les installations de l’entreprise dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent, où l’on fabrique des pièces comme la cabine de pilotage du Global 7500.

Tension palpable entre les deux parties

Le 23 mars dernier, l’AIMTA avait lancé les hostilités en distribuant à ses membres un bulletin reprochant à l’entreprise de rejeter la « quasi-totalité » de leurs demandes salariales, en plus d’exiger des « reculs importants » de « plusieurs millions ».

Appelé à réagir en marge d’une allocution publique, le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, avait estimé que la sortie était prématurée et qualifiait de « rumeurs » les allégations syndicales.

Il s’agit d’une deuxième négociation complexe entre l’entreprise et ses salariés. En juillet dernier, les 1200 salariés de l’usine torontoise Downsview représentés par Unifor avaient déclenché une grève de quelques jours. La production des Global 7500 – le vaisseau amiral de Bombardier – avait été interrompue temporairement.

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  • 8000
    C’est l’effectif de Bombardier au Québec. À travers le monde, l’entreprise compte quelque 13 800 salariés.
    source : Bombardier