Des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et la diminution du nombre d’opérations dans les hôpitaux en raison de la pandémie de COVID-19 ont touché l’hiver dernier les ventes de l’entreprise de Québec OpSens, spécialisée en instrumentation médicale en cardiologie. La direction se montre cependant optimiste pour son trimestre printanier.

Le PDG Louis Laflamme dit observer une augmentation du nombre d’opérations et anticipe une augmentation des revenus pour les mois de mars, avril et mai par rapport aux mois de décembre, janvier et février.

Les revenus des mois de décembre, janvier et février ont reculé de 9 %, à 8,1 millions, et une perte nette de 2,4 millions a été enregistrée.

Après avoir touché un nouveau plancher des 52 dernières semaines en début de séance mercredi, l’action d’OpSens a rebondi à la mi-journée pour terminer en hausse de 8 %, à 1,94 $, à Toronto.

À la mi-journée justement, l’analyste Nicholas Cortellucci, de la firme M Partners, a rappelé à ses clients que la dernière fois que le contexte avait été « normal », OpSens avait généré une croissance des revenus de l’ordre de 39 % et de 59 % pour ses marges.

Je continue de croire qu’il y a une augmentation de la demande pour des interventions en cardiologie qui sera visible en seconde moitié d’année et en 2023, ce qui devrait se traduire par une croissance accélérée des revenus.

Nicholas Cortellucci, analyste de la firme M Partners

OpSens est par ailleurs toujours en attente d’approbations de Santé Canada et de la FDA américaine pour son nouveau fil guide conçu pour le remplacement de la valve aortique, un produit qui s’ajoutera à son fil guide pour le diagnostic et le traitement des maladies coronariennes.

Il s’agirait d’une question de semaines pour l’obtention des approbations, et la commercialisation pourrait suivre rapidement, ce qui ouvrirait les portes d’un marché de 600 millions, selon l’analyste Justin Keywood, chez Stifel. « OpSens pourrait capturer une part de 180 à 360 millions. »

L’occasion est intéressante pour OpSens, dont le chiffre d’affaires s’élève actuellement à une trentaine de millions.

S’il est approuvé, le SavvyWire serait le premier fil guide capable de livrer la prothèse valvulaire aortique et de permettre une mesure continue de la pression pendant l’opération.

Besoin de main-d’œuvre

OpSens vient par ailleurs de recevoir plus de 2 millions de dollars de financement pour l’aider à mettre au point sa prochaine génération de produits en cardiologie interventionnelle.

Ces fonds proviennent du Conseil national de recherches du Canada, d’INOVAIT, un programme de financement ontarien qui soutient l’application de l’intelligence artificielle en imagerie médicale, et d’Invest-AI, un fonds d’investissement piloté par IVADO Labs, à Montréal, qui appuie aussi l’utilisation de l’intelligence artificielle.

Avec son fil guide pour le diagnostic et le traitement des maladies coronariennes, OpSens est en concurrence avec des géants tels que Philips, Abbott et Boston Scientific.

Le financement doit permettre notamment le développement d’un fil guide de quatrième génération pour le diagnostic et le traitement des maladies coronariennes. « On veut ajouter du logiciel sur notre ordinateur branché à notre fil guide pour mieux accompagner les cardiologues dans leurs prises de décisions », dit en entrevue Philippe Gagnon, directeur du développement des nouveaux produits chez OpSens.

CAPTURE D’ÉCRAN LA PRESSE

Philippe Gagnon en entrevue à distance avec La Presse

« L’objectif est notamment d’améliorer la robustesse du fil guide à son extrémité pour une performance plus optimale dans les cas où les patients ont plusieurs artères bouchées. Avec ce fil, il sera plus facile de traiter une lésion, puis de reculer et de traiter une autre lésion, parce que le fil restera en bon état. »

Aujourd’hui, il faut parfois retirer le fil guide et en utiliser un deuxième. Avec le fil guide de quatrième génération, les interventions seront plus rapides et coûteront moins cher.

Philippe Gagnon, directeur du développement des nouveaux produits chez OpSens

OpSens souhaite aussi intégrer l’intelligence artificielle dans ses produits et sur les lieux de production pour appuyer la fabrication des capteurs de pression optique.

L’entreprise fabrique plus de 1000 fils guides et 2000 capteurs de pression par semaine.

OpSens aimerait embaucher jusqu’à 50 personnes au cours de la prochaine année pour l’aider à atteindre ses objectifs de croissance avec ses produits actuels. L’effectif total s’élève aujourd’hui à environ 200 employés, en majorité dans le Parc technologique à Québec.

Depuis environ un an, l’équipe affectée à la recherche et au développement a triplé sa taille. « On est maintenant 30 et on aimerait passer à près de 40 d’ici un an », dit Philippe Gagnon.

« Notre croissance dépend beaucoup de notre capacité à attirer des gens de qualité en haute technologie et en production pour nous aider à atteindre nos objectifs des prochaines années. »