(Oslo) Le responsable du plus gros fonds souverain au monde, celui de la Norvège, a estimé jeudi que ses investissements en Russie étaient « perdus » du fait de la guerre en Ukraine et des sanctions économiques qu’elle a entraînées.

Fin 2021, le fonds détenait quelque 27,4 milliards de couronnes (environ 3,9 milliards de dollars canadiens) en actifs russes, soit 0,2 % de son portefeuille total.

Leur valeur a depuis été divisée par dix et est tombée aujourd’hui à environ 2,5 milliards de couronnes selon des estimations « très, très incertaines » fournies par le fonds jeudi.

« Je pense que les investissements en Russie sont pour ainsi dire perdus », a déclaré le chef du fonds, Nicolai Tangen, à la chaîne TV2.

En réaction à l’offensive militaire russe en Ukraine, le gouvernement norvégien a décidé dimanche que le fonds, qui pèse aujourd’hui 11 661 milliards de couronnes, gèlerait dans un premier temps ses investissements en Russie avant de les vendre.

Face au cataclysme boursier annoncé, la Bourse de Moscou est restée fermée depuis lundi et le premier ministre russe Mikhaïl Michoustine a annoncé mardi que la Russie préparait un décret pour enrayer l’hémorragie d’investissements étrangers.

« Je pense que nous arriverons à vendre nos actions, mais la question est de savoir si on en retirera une quelconque somme d’argent », a précisé M. Tangen lors d’une conférence de presse.

Fin 2021, le fonds détenait des parts dans 51 entreprises russes. Les plus importantes étaient celles dans le géant énergétique Gazprom (0,86 % du capital, soit 8,2 milliards de couronnes), la banque Sberbank (0,75 %, 6 milliards de couronnes) et la compagnie pétrolière Lukoil (0,73 %, 3,9 milliards de couronnes).  

Le ministère norvégien des Finances a écrit lundi une lettre à la Banque de Norvège, qui chapeaute le fonds, pour lui demander de présenter d’ici au 15 mars un plan de désengagement de Russie.

Ce retrait s’annonce long et d’autant plus difficile qu’un certain nombre de repreneurs potentiels de ces participations sont frappés par les sanctions occidentales.

« Nous devons nous assurer de (l’identité de celui) qui rachète les actions. Dans une transaction boursière, ce n’est pas toujours clair qui est l’autre partie », a fait valoir M. Tangen.

La Norvège n’est pas membre de l’Union européenne, mais le royaume scandinave a adopté les mêmes représailles que les Vingt-Sept à l’égard de la Russie.