(Montréal) La chute de l’action de Marché Goodfood dans la dernière année ne décourage pas le chef de la direction, Jonathan Ferrari. Il assure que le spécialiste des mets prêts à cuisiner est toujours sur une bonne lancée et que le déploiement d’un service de livraison en moins de 30 minutes a un fort potentiel de croissance.

Certains investisseurs craignent que l’entreprise montréalaise ait perdu son élan. Depuis son sommet de décembre 2020, l’action a perdu plus de 70 % de sa valeur. « Il faut comparer la volatilité boursière, qui a touché plusieurs entreprises de croissance, avec la bonne performance de nos activités », défend le cofondateur de la société en entrevue.

Il souligne que, même si la croissance s’est tempérée au cours de l’exercice 2021 (terminé le 31 août) par rapport à l’élan observé au début de la pandémie en 2020, la société a tout de même augmenté ses revenus de 33 % en 2021. Il pointe vers l’atteinte d’un seuil de 1000 produits offerts et le lancement de la livraison en 30 minutes comme des exemples des accomplissements réalisés par l’entreprise.

Ces arguments ne convainquent pas Martin Landry, de Stifel GMP, qui s’inquiète de la baisse des revenus de 15 % au premier trimestre, dévoilée avant l’entrevue, mardi. Il constate que la baisse des revenus est plus prononcée que celle de 5 % enregistrée au quatrième trimestre. Il note aussi que le nombre d’abonnés a diminué de 2000 durant la période de trois mois pour s’établir à 296 000. « C’est le plus bas nombre d’abonnés en cinq trimestres, commente l’analyste financier. Ça pourrait vouloir dire que Goodfood perd des parts de marché. »

M. Ferrari répond qu’il faut remettre la baisse des revenus trimestriels dans son contexte. « Pour cette période, qui comprend le mois de septembre, octobre et novembre, on est quand même à un niveau qui est supérieur de 40 % à avant la pandémie, nuance le cofondateur. Ça démontre qu’on maintient nos parts de marché. »

Un marché prometteur

L’entrepreneur est très optimiste quant au potentiel de la livraison rapide, en moins de 30 minutes. Cette option est offerte depuis novembre à partir de micro-centres de distribution à Toronto et Montréal. « On fait un peu ce qu’ont fait les pizzerias avec la livraison en 30 minutes à un prix abordable, donne-t-il en exemple. On a un avantage sur les épiciers traditionnels avec nos micro-centres. Ils ont des loyers moins élevés, on est plus près de nos clients et on peut livrer plus rapidement et efficacement. »

La réaction de la clientèle serait bonne, affirme-t-il. En seulement huit semaines, le service a près de 13 000 abonnés actifs. Le prix du panier moyen est d’environ 65 $ et il a augmenté de novembre à décembre. La demande occupe déjà près du tiers de la capacité de production des deux centres, précise-t-il.

La société veut ajouter huit micro-centres au cours de l’exercice 2022 et poursuivre à un rythme de 15 annuellement. Un deuxième centre vient d’ouvrir dans la région de Toronto et un autre ouvrira à Ottawa en mars. M. Ferrari souhaite offrir le service dans d’autres villes du Québec, mais la priorité sera d’abord d’en ouvrir d’autres dans la grande région de Montréal afin de densifier le réseau de distribution.

M. Ferrari prévoit que les micro-centres lui permettront d’ajouter pour l’équivalent de 1 milliard en capacité d’ici la fin de l’exercice 2025 avec « aussi peu » que 40 millions en investissement. « Nous sommes déjà rentables avec les activités dans les repas. On prend cet argent et on l’investit pour financer notre expansion dans les micro-centres. »

Il faut prévoir entre 6 et 12 mois avant qu’un micro-centre devienne rentable, ajoute le dirigeant. Les deux premiers centres à Montréal et Toronto y sont déjà « presque » parvenus, répond-il.

Si la direction parvient à bien déployer sa stratégie, l’action de Marché Goodfood pourrait être une « grande aubaine », croit Fréderic Tremblay, de Desjardins Marché des capitaux. Le titre s’échange à 0,4 fois les prévisions de revenus de l’analyste financier pour l’exercice 2023. « Nous croyons qu’il s’agit d’un bon point d’entrée et que les investisseurs seront récompensés si l’exécution de la stratégie est réussie. »

Résultats

Les revenus du spécialiste des mets prêts à cuisiner ont reculé de 15 %, par rapport à la même période un an plus tôt, atteignant 77,8 millions au cours de la période de trois mois terminée le 4 décembre.

Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient une baisse moins importante avec des revenus de 81,3 millions, selon les prévisions recueillies par la firme de données financières Refinitiv.

À la fermeture de la Bourse de Toronto, l’action de l’entreprise perdait 42 cents, ou 11,4 %, à 3,26 $.

La société montréalaise a enregistré une perte nette de 21,6 millions au plus récent trimestre, par rapport à une perte nette de 3,1 millions à la même période l’an dernier.