Les résultats de fin d’exercice présentés mercredi par Marché Goodfood et Metro n’ont pas épaté. Dans un contexte où l’inflation touche les activités des deux entreprises, les investisseurs ont réservé un sort bien différent aux deux épiciers montréalais.

Marché Goodfood a perdu 26 % de sa valeur mercredi pour clôturer à 5,30 $ à la Bourse de Toronto malgré le fait que les investisseurs anticipaient des nouvelles peu réjouissantes, puisque le titre avait déjà perdu 50 % depuis son sommet de 14,72 $ atteint plus tôt cette année.

La saison estivale est généralement une période plus creuse pour Goodfood et l’assouplissement des mesures sanitaires a accentué le phénomène, a expliqué le PDG Jonathan Ferrari en conférence téléphonique.

Les résultats ont raté la cible des analystes sur plusieurs points. Les revenus des mois de juin, juillet et août ont reculé de 5 % sur un an, à 79,3 millions, alors que les marchés s’attendaient à ce qu’ils soient en hausse et s’élèvent à 90 millions.

La perte d’exploitation trimestrielle de 17,7 millions s’est avérée beaucoup plus grande que celle de 1 million prévue par les analystes.

« Goodfood vient de rater la cible pour la première fois depuis plus de deux ans », commente l’analyste Martin Landry, de la firme Stifel/GMP.

« L’entreprise doit composer avec l’inflation sur le plan des salaires, la hausse du prix des aliments et les coûts pour développer son offre de produits en ligne. »

Néanmoins, les principaux enjeux, selon Martin Landry, sont l’intensification de la concurrence dans le segment des repas prêts à cuisiner, ce qui réduit les perspectives de croissance future, et le manque de données permettant de mesurer le progrès du côté de l’épicerie en ligne. « Par conséquent, Goodfood doit maintenant démontrer qu’elle peut exécuter et produire les résultats escomptés, ce qui risque de maintenir l’action dans une certaine fourchette de prix à court terme. »

Cet expert note au passage que si le nombre d’abonnés actifs est en hausse de 6 % sur un an, il est en baisse de 6 % par rapport au trimestre précédent. « C’est le deuxième recul de suite à ce chapitre », souligne-t-il.

Le nombre d’abonnés actifs est passé de 319 000 en date du 1er mars à 317 000 au 1er juin, avant de glisser à 298 000 au 1er septembre.

Malgré tout, Frédéric Tremblay, de Valeurs mobilières Desjardins, souligne que le progrès visant à faire de Goodfood un chef de file canadien de l’épicerie en ligne se poursuit. « Je continue d’apprécier le potentiel qu’a Goodfood de miser sur ses forces avec les repas prêts à cuisiner et de profiter de l’occasion que présente l’épicerie en ligne. »

Avant la publication des résultats, huit des neuf analystes qui suivent les activités de Goodfood recommandaient d’acheter l’action et leur cible moyenne sur un horizon de 12 mois était à 11,89 $.

PHOTO PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Goodfood a connu une journée difficile en Bourse.

Metro

Dans le cas de Metro, les investisseurs ont fait reculer l’action de 2 % mercredi. Le titre avait toutefois atteint un nouveau sommet la veille, ce qui donnait une idée des attentes envers l’épicier traditionnel dirigé par Eric La Flèche.

Le PDG s’est réjoui d’avoir terminé l’exercice en force avec une croissance des profits au quatrième trimestre malgré des ventes inférieures. « Avec l’assouplissement des restrictions gouvernementales au cours de l’été, une part de la consommation alimentaire a réintégré le secteur de la restauration », a-t-il souligné.

Le bénéfice par action ajusté de 81 cents généré pendant les mois de juillet, août et septembre est conforme aux prévisions des experts. Le chiffre d’affaires des magasins d’alimentation comparables est toutefois en baisse de 3 % sur un an. C’est possiblement ce résultat qui a pu décevoir certains investisseurs. Pour un, l’analyste Michael Van Aelst, de la TD, s’attendait à une progression de l’ordre de 1 % des ventes des supermarchés comparables.

Avec une évaluation boursière qualifiée d’« historiquement » élevée, il ne fallait probablement pas grand-chose pour que l’action se retrouve sous pression.

Metro dit par ailleurs augmenter la capacité de son réseau d’épicerie en ligne à un rythme « mesuré », et la direction souligne que bien qu’il soit difficile de prédire de quelle manière les habitudes des clients, le marché de l’emploi et l’inflation du panier alimentaire évolueront à court terme, les assises de l’entreprise demeurent « solides » et le chiffre d’affaires continue de se comparer favorablement aux niveaux prépandémiques.

La direction précise par ailleurs que l’industrie subit des pressions d’inflation des coûts, principalement en ce qui concerne le coût des marchandises vendues.

En début de journée mercredi, seulement 3 des 11 analystes qui suivent Metro suggéraient à leurs clients d’acheter le titre.