Deux autres sociétés ont discuté l’été dernier avec les représentants de la minière Kirkland Lake en vue de présenter potentiellement une offre d’achat. Après évaluation des options sur la table, le conseil d’administration de Kirkland a poursuivi les discussions entamées il y a deux ans avec Agnico Eagle pour conclure une fusion. Entre-temps, Agnico a dû bonifier son offre.

L’information est tirée de la circulaire de direction déposée en vue de l’assemblée extraordinaire qui se prononcera sur l’entente intervenue le 28 septembre dernier.

La transaction prévoit que les actionnaires de Kirkland obtiendront 0,7935 action ordinaire d’Agnico pour chacun de leurs titres. Il n’y a pas de prime en espèces.

La nouvelle entité serait détenue conjointement par les actionnaires d’Agnico (54 %) et de Kirkland (46 %). La transaction était évaluée à environ 13 milliards au moment de son annonce.

L’entité fusionnée deviendrait le troisième producteur mondial avec une production annuelle de plus de 3 millions d’onces d’or. La société serait aussi la première productrice canadienne avec cinq mines en exploitation : trois en Abitibi et deux autres dans le Nord-Est ontarien.

Suspension des négos pendant les restrictions sanitaires

Selon le fil des évènements racontés dans la circulaire, les discussions informelles entre Sean Boyd, chef de la direction d’Agnico, et Tony Makuch, PDG de Kirkland Lake, ont débuté le 4 juin 2019. Ces discussions ont toutefois été arrêtées le 25 septembre 2020 alors que les restrictions sur les déplacements en raison de la pandémie compliquaient sérieusement le travail de vérification préalable à une éventuelle transaction. Les parties ont toutefois convenu de maintenir le contact.

Les discussions ont repris le 7 juin 2021. Les parties se sont entendues le 18 juin sur un ratio d’échange de 0,62 action d’Agnico pour chacune des actions de Kirkland. M. Boyd, d’Agnico, deviendrait le président directeur de la société issue de la fusion et M. Makuch, de Kirkland, son chef de la direction.

Le 16 juillet 2021, une entreprise tierce, identifiée comme étant société 1 dans la circulaire a contacté Kirkland Lake pour entamer des discussions en vue d’une potentielle acquisition de Kirkland.

Une offre conditionnelle non contraignante a été déposée le 25 juillet sous forme d’échange d’actions. Cette offre a ensuite été bonifiée modestement le 29 juillet. Le prétendant a finalement retiré son offre le 11 septembre 2021.

Une proposition d’acquérir 50 % de Detour Lake a été déclinée

Entre-temps, de son propre chef, Kirkland a invité le 5 août 2021 une troisième partie, identifié comme la société 2 dans la circulaire, à jeter un œil à ses actifs. Les discussions ont mené nulle part.

Le 17 septembre, société 1 est revenue à la charge en proposant d’acquérir 50 % de la propriété Detour Lake de Kirkland et de devenir son exploitant. L’offre a été déclinée par les représentants de Kirkland le jour même.

Cinq jours auparavant, le 12 septembre 2021, les dirigeants d’Agnico et de Kirkland avaient accepté une bonification du ratio de 0,62 action à 0,76 action d’Agnico Eagle pour chaque action de Kirkland. Les actionnaires de Kirkland détiendraient ainsi 45 % de la nouvelle Agnico.

Le 27 septembre au matin, Agnico a consenti à offrir 0,7935 de ses actions pour chacune des actions de Kirkland.

Les actionnaires de celle-ci détiendraient alors 46 % de la société issue de la fusion. Les parties ont annoncé au marché l’entente de fusion le lendemain.

Le vote des actionnaires des deux sociétés a lieu le 26 novembre. Les deux tiers des actionnaires de Kirkland doivent approuver la transaction et 50 % + 1 voix chez ceux d’Agnico Eagle. Si les actionnaires sont en faveur et que les autorités réglementaires donnent leur feu vert, la fusion serait conclue au cours du premier trimestre 2022.

Une version antérieure de cet article avait interverti le résultat des discussions entamées avec les sociétés 1 et 2. Nos excuses.

De l’or à plus de 3 km de profondeur

Grosse semaine pour Agnico Eagle. Après le dévoilement de la circulaire commune sur la fusion lundi, la société a rendu publics ses résultats d’exploration en 2021. Un millésime remarquable avec un budget de 163 millions, comparativement à 113 millions en 2020. Aux dires de l’analyste Tanya Jakusconek, de Scotia Capital, les découvertes les plus prometteuses sont au gisement souterrain de Canadian Malartic, en Abitibi, et à Kittila, en Finlande. À Malartic, le projet East Gouldie révèle des teneurs plus élevées que précédemment et le gisement se prolonge vers l’est. Pour ce qui est du complexe LaRonde, à mi-chemin entre Rouyn et Val-d’Or, Agnico y investit en exploration pour 14 millions en 2021. À 3450 m dans le sol, elle a frappé une zone polymétallique d’une largeur de 4,6 m d’une teneur de 9,3 g d’or par tonne, de 114 g par tonne d’argent, et avec du cuivre et du zinc. Agnico croit pouvoir remplacer 75 % des onces d’or extraites du sol à LaRonde en 2021 grâce à ses efforts en exploration sur la propriété. La mise à jour des réserves et des ressources se fera à la fin de l’année.

Les négociations se poursuivent avec les Anishinabeg

La société aurifère Agnico Eagle qui exploite la mine LaRonde, près de Val-d’Or, poursuit les discussions en vue de conclure une entente de collaboration avec la Première Nation Abitibiwinni de la réserve de Pikogan. L’entente devait être officialisée le 1er novembre, mais l’évènement a été repoussé à la dernière minute. Le projet d’entente, semblable aux ententes conclues avec les communautés du Nunavut, prévoit des compensations financières, mais aussi des mesures pour accroître la participation des membres de la Première Nation. Celles-ci touchent la formation, les emplois, les occasions d’affaires et la protection de l’environnement. Les relations entre les sociétés minières et les Premières Nations prennent du mieux. En juin 2020, la mine Canadian Malartic, appartenant à Yamana et Agnico, a signé une entente avec quatre communautés autochtones, dont Pikogan. On se souviendra qu’en 2017, les Premières Nations d’Abitibiwinni et de Lac-Simon, en Abitibi, menaçaient de faire appel aux tribunaux pour forcer les sociétés minières à s’entendre avec elles.