(New York) Dans les airs ou dans les abattoirs, les entreprises américaines United Airlines et Tyson Foods ont imposé à leurs employés la vaccination contre la COVID-19. Cela fonctionne, assènent-elles, préparant ainsi le terrain à l’obligation vaccinale prévue par le gouvernement américain pour toute société de plus de 100 employés.

Chez United, où les salariés basés aux États-Unis avaient jusqu’à lundi pour apporter une preuve de vaccination, on parade : 99,5 % de ceux qui n’ont pas demandé d’exemption médicale ou religieuse sont désormais vaccinés.

Le patron de l’entreprise, Scott Kirby, en avait fait un cheval de bataille, évoquant dès janvier la possibilité d’imposer le vaccin à ses salariés.

Il l’a concrétisée début août, donnant aux pilotes, agents de bord et agents au sol jusqu’au 27 septembre pour télécharger la preuve de leur vaccination. Faute de quoi ils seraient congédiés.

La compagnie se préparait mardi à licencier 593 personnes n’ayant pas communiqué leur statut vaccinal.

Elle a vu ce chiffre tomber à 320 salariés jeudi après le téléchargement par certains retardataires des documents adéquats. Et le chiffre pourrait encore baisser au fur et à mesure que les salariés sont convoqués aux entretiens de licenciement, a avancé United.

« Notre politique sur la vaccination continue de prouver qu’exiger [le vaccin] fonctionne », a commenté la compagnie.

Bond du taux de vaccination

Chez le géant de la viande Tyson Foods, qui avait vu ses activités fortement perturbées au début de la pandémie par l’apparition de foyers de contamination, tous les salariés doivent être vaccinés au 1er novembre.

PHOTO MICHAEL CONROY, ASSOCIATED PRESS

Une usine de Tyson Foods à Logansport, en Indiana

Ils étaient moins de la moitié à avoir reçu le vaccin quand cette nouvelle politique a été annoncée, début août.

Un mois avant l’échéance, ils sont 91 % à avoir reçu au moins une dose de vaccin, a indiqué l’entreprise jeudi.

D’autres groupes, comme la banque Morgan Stanley, le pétrolier Chevron ou le géant de la technologie Microsoft, ont imposé à tout ou partie de leurs équipes d’apporter la preuve qu’elles ont bien été vaccinées.

Mais il s’agit souvent d’employés de bureau ou devant voyager, pas de personnes travaillant sur les chaînes ou en contact direct avec les clients.

Selon l’agence fédérale américaine responsable du respect des lois contre la discrimination au travail (EEOC), les employeurs ont le droit d’exiger de leurs salariés se rendant sur leur lieu de travail qu’ils se fassent vacciner, avec des exceptions pour raisons médicales ou objection religieuse.

Le président Joe Biden a signé début septembre un décret rendant la vaccination obligatoire pour les employés fédéraux, qui ont jusqu’au 22 novembre pour s’y conformer.

Dans l’État de New York, où les soignants doivent depuis lundi être vaccinés sous peine de voir leurs salaires suspendus et de risquer d’être licenciés, c’était le cas pour 87 % d’entre eux mercredi.

À New York même, où les enseignants ont théoriquement jusqu’à lundi pour recevoir le vaccin, 91 % d’entre eux l’avaient déjà reçu mardi.

Tensions redoutées

Joe Biden a aussi ordonné au ministère du Travail d’instaurer, dans les semaines à venir, l’obligation de se faire vacciner ou d’effectuer un test de dépistage hebdomadaire dans les entreprises de plus de 100 salariés. Les détails doivent encore être annoncés.

Certains y sont déjà opposés, à l’instar des parlementaires républicains Claudia Tenney et Jim Banks qui ont déposé jeudi un projet de loi interdisant à l’administration d’établir de telles règles.

Des employés ont engagé des procédures judiciaires dans plusieurs États américains.

Le syndicat représentant les 14 000 pilotes d’American Airlines a pour sa part demandé une exemption spéciale pour les pilotes, expliquant notamment que certains d’entre eux craignent que des effets secondaires du vaccin puissent mettre fin à leur carrière.

Selon une enquête de l’organisme Conference Board publiée mardi, près des deux tiers des dirigeants de grandes entreprises interrogés soutiennent le projet du gouvernement, mais plus de la moitié s’inquiètent de la façon dont ils pourront le mettre en œuvre.

« Le gouvernement doit procéder avec prudence compte tenu de l’intensité de l’opposition ressentie par un quart des chefs d’entreprise et des difficultés attendues sur la mise en œuvre », a relevé Lori Esposito Murray, du Conference Board.

Si les directives ne sont pas claires et que l’objectif n’est pas atteint, a-t-elle prévenu, « cela pourrait conduire à des tensions sur le lieu de travail plutôt qu’à une hausse du taux de vaccination ».