L’avionneur ne conserverait que 40 % de l’immense terrain de 4 millions de pieds carrés situé sur le boulevard Marcel-Laurin

La transformation de l’usine aéronautique la plus emblématique de la province et de son immense terrain vient de franchir un important jalon. Le règlement permettant à Bombardier de subdiviser le site en lots distincts avant de les vendre séparément a reçu le feu vert du conseil d’arrondissement de Saint-Laurent.

Si le constructeur de jets d’affaires continuera d’exploiter l’ancienne usine Canadair, il planifie néanmoins de céder une partie importante du bâtiment et du vaste stationnement, ce qui devrait lui permettre de récolter d’alléchantes sommes. Elles devraient servir à moderniser l’usine.

Cette stratégie s’inscrit dans un effort de réduction des coûts. À l’automne 2020, le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, avait déjà exprimé le souhait de réduire l’empreinte industrielle de l’avionneur, la capacité des usines étant supérieure à la demande. Parallèlement au site de l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent, l’entreprise a en poche une entente pour vendre son hangar situé rue Percival-Reid, sur les terrains de l’aéroport Montréal-Trudeau.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE

Boulevard Marcel-Laurin, l’usine de Bombardier appartenait anciennement à Canadair.

« C’était une étape qui était très importante afin de pouvoir évaluer les options par rapport à la vente de terrains ciblés à Saint-Laurent », a expliqué le porte-parole de Bombardier, Mark Masluch, à propos de la décision du conseil d’arrondissement. « Le processus est en marche. »

Avant l’adoption du règlement, lors de la séance du conseil d’arrondissement le 3 août dernier, le terrain de l’ex-usine Canadair n’était qu’un seul lot. Dans les années 1990, les terrains de l’aéroport de Cartierville qui se trouvaient à proximité ont été transformés en projet domiciliaire.

La multinationale compte environ 1200 employés dans son bâtiment dont la façade est située sur le boulevard Marcel-Laurin. Avec les années et le recentrage de Bombardier vers les avions d’affaires, l’endroit est devenu trop grand. Une partie des activités – la fabrication de pièces pour l’A220 et l’A330 d’Airbus – ont été cédées à Stelia, filiale du géant européen rapatriée à Mirabel, dans les Laurentides.

PRÉSENTATION INTERNE DE BOMBARDIER OBTENUE PAR LA PRESSE

Selon une présentation interne, Bombardier ne conserverait qu’une partie de son usine (en gris et blanc) ainsi que du stationnement (en bleu) de son usine de Saint-Laurent.

M. Masluch n’a pas voulu préciser à quoi ressemblerait le visage de Bombardier à Saint-Laurent dans quelques années. Toutefois, selon un document interne que La Presse a pu consulter, en 2024, l’entreprise ne conserverait que 40 % du terrain aujourd’hui estimé à 4 millions de pieds carrés. En ce qui a trait à l’usine, l’objectif serait d’occuper 880 000 pieds carrés sur une superficie actuelle de 1,4 million de pieds carrés.

D’après cette présentation, le processus serait achevé vers 2024.

De la stabilité

Le maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, Alan DeSousa, s’était inquiété, l’an dernier, de voir Bombardier plier bagage après avoir vu le grand patron de l’entreprise annoncer ses couleurs. Il est maintenant rassuré.

« Nous nous réjouissons parce que l’entreprise maintient des actifs ici, a expliqué M. DeSousa, au cours d’un entretien téléphonique. Tout nouveau propriétaire devra respecter le zonage en vigueur, qui autorise des activités de recherche et développement dans le secteur scientifique, l’administration de sièges sociaux ou régionaux ainsi que de compagnies du secteur manufacturier. »

PHOTO TIRÉE DU SITE DE LA VILLE DE MONTRÉAL

L’usine Canadair, en juillet 1976

Ainsi, pour le moment, des projets résidentiels ne semblent pas figurer dans les plans, selon M. DeSousa. Des entreprises auraient déjà fait part de leur intérêt.

Le règlement adopté lors de la séance du 3 août dernier s’accompagne d’une série de critères pour la construction de nouveaux bâtiments, notamment en matière de mesures de mitigation pour réduire des nuisances comme le bruit, l’aménagement paysager et la circulation.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent, en 2018

Nous voulions un règlement qui préserve la qualité de vie des résidants avoisinants. Les nouveaux propriétaires devront respecter la réglementation.

Alan DeSousa, maire de l’arrondissement de Saint-Laurent

En ce qui a trait au hangar de Bombardier situé sur l’avenue Percival-Reid, que l’on aperçoit depuis l’autoroute 13, le site accueillait la clinique de vaccination contre la COVID-19 mise sur pied par l’entreprise.

M. Masluch a expliqué qu’une « entente d’achat » avait été signée et que l’acquéreur effectuait actuellement les vérifications préalables. Le porte-parole n’a pas voulu dévoiler le nom de l’acheteur, mais puisque le hangar peut accueillir des avions, tout indique qu’il gravite dans l’industrie aéronautique.

Construit dans les années 2000, le bâtiment est « complètement » vide, selon M. Masluch. Les activités de finition et de maintenance ont été relocalisées au site situé sur le boulevard Côte-Vertu ainsi qu’au centre de finition de Pointe-Claire.

L’usine de Bombardier à Saint-Laurent

  • Construite par Canadian Vickers en 1942
  • Elle devient Canadair en 1944
  • Contribution au développement des avions-citernes CL-215 et du jet d’affaires Challenger
  • Acquise par Bombardier en 1986
  • Désormais spécialisée dans les pièces et composants