(Calgary) Le Chemin de fer Canadien Pacifique (CP) a fait une nouvelle offre d’achat pour Kansas City Southern (KCS) qui valorise le chemin de fer américain à 31 milliards US.

La nouvelle offre précède le vote le 19 août des actionnaires de KCS sur une offre concurrente de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) évaluée à 33,6 milliards US.

Les deux offres supposent la prise en charge de la dette de 3,8 milliards US de KCS.

Cependant, CP Rail affirme que son offre est plus susceptible d’être approuvée par les organismes de réglementation américains.

« Au moment de l’offre du CN en mai, nous avons choisi de ne pas faire d’offre révisée parce que nous pensions qu’une guerre d’enchères avec le CN aurait été destructrice de valeur pour les actionnaires du CP », a écrit le président et chef de la direction du CP Rail, Keith Creel, dans une lettre au conseil d’administration de KCS.

« Cependant, nous pensons que le moment est venu pour nous de reprendre contact avec KCS, car l’incertitude réglementaire de la fusion proposée avec le CN a placé les actionnaires de KCS dans la position malheureuse de devoir voter sur la fusion proposée avec le CN », ajoute-t-il.

M. Creel soutient que l’approbation de cette proposition aura comme conséquence d’enlever la possibilité à KCS de considérer « des offres supérieures », tout en ne sachant pas si la Commission américaine du transport de surface approuvera l’utilisation par le CN d’une fiducie avec droit de vote.

CP Rail a exhorté les actionnaires de KCS à rejeter l’accord avec le CN en raison de l’incertitude réglementaire de l’offre de son rival. CP Rail prétend que les trajets exploités par le CN et par KCS se recoupent trop, ce qui aurait comme effet de réduire la concurrence.

Une récente décision exécutive du président américain Joe Biden en faveur de la concurrence nuirait aussi aux chances du CN, selon M. Creel.

Le CN réplique qu’il pourrait plutôt augmenter la concurrence en achetant KCS et a promis de vendre une portion d’environ 113 kilomètres de rail là où les réseaux des deux compagnies se rencontrent.

La compagnie a affirmé par voie de communiqué mardi que son offre demeure la meilleure.

Vendredi, la firme Institutional Shareholder Services a recommandé aux actionnaires de KCS d’accepter l’offre du CN, en soulignant que CP Rail n’avait pas présenté de réplique intéressante.

« Si CP Rail demande de voter contre la transaction, il n’a pas présenté d’alternative viable aux actionnaires de KCS, et certainement pas une alternative qui comble l’écart entre son offre initiale (et celle du CN) », avait expliqué la firme.

L’analyste Benoît Poirier, de Desjardins, croit que ce commentaire a possiblement incité CP Rail à revenir à la charge.

« Règle générale, notre analyse préliminaire nous donne confiance qu’une hausse de son offre est faisable pour le CP sans mettre en péril sa santé financière, a écrit M. Poirier dans une note. Cela solidifierait aussi la proposition du CP aux actionnaires de KCS dans un environnement hostile aux grands regroupements dans l’industrie, après la récente décision exécutive du président Biden concernant la concurrence. »

Le CN attend une décision de la Commission américaine du transport de surface sur son projet de créer une fiducie avec vote qui permettrait d’acquérir KCS et de détenir l’entreprise pendant l’examen par l’organisme de réglementation.

La commission a déjà approuvé l’utilisation par CP Rail d’une fiducie avec vote.

CP Rail avait signé un accord en mars pour acheter KCS pour environ 275 $ US par action, mais le CN a dépassé cette offre et obtenu le soutien du conseil d’administration de KCS pour sa proposition en mai.

En vertu de la nouvelle offre de CP Rail, les actionnaires de KCS recevraient 2,884 actions du CP et 90 $ US en espèces pour chaque action ordinaire détenue, représentant une valeur d’environ 300 $ US par action.

La proposition du CN permettrait aux actionnaires de KCS de recevoir 200 $ US en espèces et 1,129 action du CN pour chaque action dans le cadre d’une offre évaluée à environ 325 $ US par action.