Les offres concurrentes pour acquérir le chemin de fer américain Kansas City Southern ont chacune reçu un coup de pouce ces derniers jours, ce qui vient compliquer davantage la lutte entre les deux plus grands chemins de fer canadiens.

Les autorités réglementaires du transport des États-Unis ont affirmé qu’une dérogation prévue dans les règles de fusion de 2001 s’appliquait au Chemin de fer Canadien Pacifique, ce qui fait en sorte qu’un éventuel regroupement avec KCS ne soulèverait pas nécessairement les mêmes inquiétudes et les mêmes risques que les autres fusions.

Le Surface Transportation Board (STB) des États-Unis souligne qu’une fusion entre le CP et KCS entraînerait moins de chevauchements que tout autre regroupement entre deux chemins de fer de classe I.

« S’il est approuvé, le regroupement entre CP et KCS, respectivement sixième et septième plus grands chemins de fer de classe I, créerait le plus petit des chemins de fer de classe I, au chapitre des revenus d’exploitation aux États-Unis », a expliqué le STB.

Dans la foulée de la décision de l’organisme réglementaire, le chef de la direction du CP, Keith Creel, a recommandé au président et chef de la direction de KCS, Pat Ottensmeyer, de s’attarder aux problèmes réglementaires posés par la proposition du CN.

« J’ai bon espoir que vous et votre conseil avez une bonne compréhension de toutes les dimensions de la concurrence entre KCS et le CN », a écrit M. Creel dans une lettre à M. Ottensmeyer.

Entre-temps, le conseil d’administration de KCS a déterminé samedi, de façon unanime, que la proposition de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN), évaluée à 325 $ par action de KCS, pourrait conduire à une proposition supérieure et a accepté de commencer à négocier avec le transporteur montréalais.

L’offre du CN est évaluée à 33,7 milliards US, tandis que celle de son rival de Calgary est évaluée à 25 milliards US.

Selon le CP, l’examen de l’offre du CN par KCS n’est « simplement attribuable qu’à ses obligations en vertu de l’accord de fusion avec le CP et au respect du devoir du fiduciaire envers ses actionnaires ».

La décision du transporteur américain d’engager des discussions avec le CN est justifiable, considérant la supériorité financière de l’offre, a fait valoir l’analyste Benoit Poirier, de Desjardins Marché des capitaux.

« Ces développements augmentent la possibilité que le CP soit forcé d’améliorer son offre pour KCS », a poursuivi M. Poirier, ajoutant que les risques réglementaires pour l’offre du CN étaient plus élevés que pour celle du CP, un élément dont devrait tenir compte le conseil de KCS.

Le grand patron du CP a indiqué la semaine dernière que son chemin de fer ne prévoyait pas d’améliorer son offre pour l’instant, puisqu’il jugeait que les inquiétudes concurrentielles liées à la proposition du CN l’empêcheraient d’être approuvée.

Le CN a indiqué lundi que plus de 400 de ses expéditeurs et parties prenantes avaient déposé des lettres auprès du STB en faveur de sa proposition de fusion avec KCS, tandis que des centaines d’autres ont appuyé le CP.

« Il s’agit d’un appui massif pour le regroupement bénéfique pour la concurrence du CN », a affirmé le chemin de fer dans un communiqué.

Par ailleurs, le CP a affirmé qu’il ne s’opposait pas à la demande du CN de nommer la même personne comme fiduciaire pour les soumissions concurrentes pour KCS, affirmant que les deux offres étaient différentes.

Le CP a annoncé en mars la nomination de l’ancien président et chef de la direction de KCS, David Starling, en tant que fiduciaire dans le cadre de sa transaction de fusion avec KCS.