Dans la tourmente en raison de la pandémie de COVID-19, Airbus estime néanmoins que l’A200 — l’ancienne C Series de Bombardier — est très bien adapté pour le marché une fois la crise terminée.

Bien que le programme soit toujours déficitaire, l’avionneur européen y est toujours aussi engagé, a expliqué mercredi son président et chef de la direction, Guillaume Faury, à l’occasion d’une conférence téléphonique visant à discuter des résultats du premier trimestre qui s’est soldé par une perte de 515 millions US et des revenus en baisse de 15 %, à 11,5 milliards US.

« Je pense que l’A220 était, est et demeurera un excellent produit, nous y sommes très attachés, a-t-il souligné. Je crois qu’il est très adapté à l’après-crise de la COVID-19 et je suis très heureux que nous ayons effectué cet investissement il y a deux ans. »

Selon M. Faury, plusieurs transporteurs pourraient opter pour des appareils de moins grande taille une fois que les effets de la pandémie se seront atténués, ajoutant que les modèles A220 — qui peuvent transporter de 100 à 150 passagers — et la famille A321 étaient bien positionnés.

Airbus compte 529 commandes pour l’ex-C-Series et huit appareils ont été livrés à trois clients pendant le premier trimestre, selon ce qui a été expliqué au cours de la conférence téléphonique. Toutefois, en raison de la situation actuelle, on repoussera l’accélération de la cadence à Mirabel, où l’on continuera à assembler quatre appareils par mois. L’an dernier, 48 appareils étaient sortis de l’usine.

Le directeur du groupe d’études en management des entreprises en aéronautique à l’UQAM, Mehran Ebrahimi, n’a pas été étonné par les commentaires de M. Faury. À son avis, les problèmes qui affligent la famille d’avions 737 Max de Boeing ainsi que l’échec récent de l’alliance entre l’avionneur américain et Embraer — propriétaire de la famille d’avions E2, qui sont des concurrents directs de l’A220 — profiteront à Airbus.

« Tous les projets de développement prévus dans l’acquisition d’Embraer par Boeing pour venir concurrencer l’A220 tombent à l’eau, a expliqué l’expert en entrevue. C’est pour cette raison que M. Faury adopte un ton rassurant. »

De plus, les passagers risquent d’être craintifs lorsque viendra le temps de s’entasser avec des centaines d’autres personnes dans des avions gros porteurs, qui comportent deux couloirs en cabine, a estimé M. Ebrahimi. Cela risque ainsi de stimuler la demande pour des appareils de la taille de l’A220, a-t-il estimé.

Airbus, qui contrôle la famille d’appareils depuis l’été 2018, a vu sa participation grimper à 75 % dans le programme en février alors que Bombardier avait décidé de quitter l’aventure. La part de l’État québécois — qui a injecté 1 milliard US en 2016 — était passée de 16 % à 25 % sans injection de fonds supplémentaires.

En dépit de ses commentaires à l’endroit de l’A220, M. Faury a récemment envoyé une lettre à quelque 135 000 employés dans laquelle il signalait que la survie du groupe pourrait être « en jeu » si aucun geste n’était posé. Au cours de la conférence téléphonique, mercredi, le grand patron d’Airbus a estimé être dans la « crise la plus grave que l’industrie aérospatiale ait jamais connue ».

Par ailleurs, dans un message envoyé à ses membres, l’Association internationale des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA) a repris le passage d’une note d’Airbus Canada à l’effet qu’elle ne serait pas en mesure de se qualifier pour la subvention salariale d’urgence d’Ottawa. La présence d’une agence gouvernementale — Investissement Québec — dans le partenariat et la forme juridique de la société en commandite poseraient problème.

« Nous discutons avec le gouvernement fédéral pour s’assurer que nous remplissons tous les critères », s’est limité à indiquer la porte-parole d’Airbus Canada, Marcella Cortellazi, dans un courriel.

Au début du mois d’avril, une entente valide au moins jusqu’au 4 mai avait été annoncée entre le syndicat et l’employeur afin de permettre à environ 1000 des quelque 2800 travailleurs de Mirabel en congé forcé depuis le 24 mars de toucher davantage que ce qui était offert par le gouvernement Trudeau.

Dans sa missive, l’AIMTA a rappelé qu’une disposition de l’entente stipulait qu’il n’y aurait pas d’effet pour les paiements déjà effectués aux travailleurs dans le cas où l’employeur ne se qualifierait pas pour la subvention salariale.