La facture du vol de donnée massif survenu l’an dernier au Mouvement Desjardins s’est avérée plus salée, à 108 millions, mais cela n’a pas freiné la croissance de ses excédents ainsi que de la ristourne versée à ses membres.

Le groupe coopératif financier a dévoilé mercredi un excédent net avant ristournes aux membres de 2,6 milliards pour 2019, en hausse de 11,7 %, sur des revenus d’exploitation qui se sont établis à 17,8 milliards, en progression de 8 %.

Cette performance financière permettra à Desjardins de retourner 317 millions à ses membres, ce qui constitue une hausse de 25 % par rapport à 2018, et le montant le plus élevé depuis 2011.

Initialement, la coopérative établie à Lévis avait estimé que la facture du vol de données effectué par un employé malveillant, qui a finalement touché l’ensemble des quelque 4,2 millions de membres particuliers de Desjardins et 1,8 million de détenteurs de cartes de crédit, s’élèverait à 70 millions — une charge de 30 millions pour couvrir les dépenses réelles et une provision de 40 millions.

« Sur 18 milliards de revenus, 108 millions, ça représente moins de 1 % des revenus de Desjardins, a expliqué son président et chef de la direction, Guy Cormier, au cours d’une conférence téléphonique. C’est une somme qui peut paraître importante, mais Desjardins a amplement la capacité d’absorber une dépense comme celle-là. »

Au total, 93 millions ont été déboursés alors que la provision représente 15 millions, a précisé le chef de la direction financière de la coopérative, Alain Leprohon.

Les coûts sont essentiellement liés au bouquet de mesures offert aux membres touchés, comme le service de surveillance de crédit de la firme Equifax pour une durée de cinq ans ainsi que les mesures d’accompagnement en cas de vol d’identité.

Selon M. Cormier, il ne devrait pas y avoir d’autre révision à la hausse de la charge liée au vol de données, qui a plongé la coopérative dans la tourmente depuis qu’il a été révélé, en juin dernier. L’employé malveillant à l’origine du larcin a été congédié et une enquête policière est toujours en cours dans ce dossier.

Du côté de la ristourne, elle a plus que doublé depuis 2016, lorsque M. Cormier a succédé à Monique Leroux. Environ 95 % des membres de Desjardins devraient en bénéficier cette année, comparativement à entre « 50 % et 60 % » auparavant, d’après le président de la coopérative. C’est parce que des produits d’assurance (habitation, automobile et assurance vie) sont, pour la première fois, admissibles aux ristournes.

« Je pense qu’ici le raisonnement est simple : plus la coopérative est prospère, plus de membres font affaire avec leur coopérative, meilleure est notre performance et on sera en mesure d’en retourner plus à nos membres », a dit M. Cormier.

Un coup de pouce

En ce qui a trait à la performance financière de Desjardins, la croissance marquée de son excédent net avant le versement de ristournes aux membres tient notamment compte d’un gain non récurrent de 309 millions obtenu à la suite de la cession du portefeuille de services Monetico à la société américaine Global Payments annoncé à la fin octobre.

Abstraction faite des éléments non récurrents, l’excédent avant ristournes aux membres a progressé de 4,2 %, à 2,3 milliards. Les revenus d’exploitation ont totalisé 17,9 milliards, en progression de 8 %.

Dans le secteur des services aux particuliers et aux entreprises, l’excédent net avant ristournes a progressé d’environ 48 % pour s’établir à 1,9 milliard, notamment grâce à la croissance du revenu net d’intérêt et de la baisse des provisions pour pertes.

Le portrait a toutefois été différent du côté de la gestion de patrimoine et l’assurance de personnes, où le résultat a été de 729 millions, en recul de 18,5 % sur un an, ce qui a été attribué à des gains de placement « inférieurs à ceux de 2018 » dans la gestion de patrimoine. Quant à l’assurance de dommage, l’excédent net s’est chiffré à 187 millions, en hausse de 8,1 %.

En date 31 décembre, l’actif total de Desjardins atteignait 313 milliards, en hausse d’environ 6 % sur un an.

Au quatrième trimestre l’excédent avant ristourne aux membres a été de 672 millions, en progression d’environ 62 %, puisque c’est au cours de cette période que la transaction avec Global Payments a été annoncée. Les revenus d’exploitation ont bondi de 20 %, à presque 5 milliards.

Ristournes aux membres des dernières années 

2011 : 320 millions

2012 : 279 millions

2013 : 171 millions

2014 : 217 millions

2015 : 154 millions

2016 : 144 millions

2017 : 202 millions

2018 : 253 millions

2019 : 317 millions