Boîtes de carton, cornières en carton, palettes de carton ou carton alvéolaire, la gamme de produits offerts par Emballages LM a été fortement en demande dans les derniers mois.

« Tous mes clients qui vendaient déjà en ligne avant la crise ont vu leurs ventes exploser », remarque Frédéric Jean, président-directeur général.

C’est notamment le cas de clients comme Cook it, une entreprise dans le prêt-à-cuisiner, le fabricant Meubles South Shore, ou MAAX, un fabricant de bains, douches et portes de douches.

Si en 2019, le chiffre d’affaires d’Emballages LM tournait autour du huit millions de dollars, M. Jean estime que ce nombre atteindra le dix millions en 2020. « On attribue cette hausse à l’augmentation des ventes en ligne. C’est là que ça s’est joué et que ça se joue encore. »

Une hausse qui s’est mise en branle dès le deuxième semestre. Quand la pandémie a frappé, les ventes dégringolaient. « Tous ceux qui ne vendaient pas en ligne ou qui n’étaient pas reconnus comme service essentiel ont arrêté leurs opérations. Il y a vraiment eu une différence entre les compagnies qui étaient déjà en ligne et celles qui ne l’étaient pas. »

Le grand saut

En 2018, Emballages LM faisait « le grand saut » en investissant deux millions de dollars pour un équipement qui leur permettrait de fabriquer de A à Z le carton alvéolaire, ou dans le jargon de l’industrie, du honeycomb cardboard.

Résultat : une machine de 275 pieds qui déroule six rouleaux de papier à la fois et effectue l’épaississement, le collage puis le découpage. Chaque rouleau pèse 2,5 tonnes et provient de l’usine Kruger de Trois-Rivières.

« Le carton alvéolaire remplit les espaces dans les meubles et l’intérieur des boîtes afin de protéger les marchandises et d’éviter que les pièces ne bougent. Quant au prêt-à-manger, le carton alvéolaire à l’intérieur de la boîte a des propriétés isolantes », explique le PDG.

Auparavant, Emballages LM achetait les panneaux de carton alvéolaire, les pliait et les coupait. Mais lorsque leurs ventes sont devenues trop importantes, l’usine de Saint-François s’est dotée de cet impressionnant équipement pour être plus flexible dans leurs offres.

Fabriqué à 100 % de matières recyclées et entièrement recyclable, le carton alvéolaire se révélait donc « un produit d’avenir ». Car l’alternative au carton alvéolaire, c’est la styromousse. Une matière non recyclable et dont les centres de tri ne veulent pas, précise-t-il. « On savait qu’avec la nouvelle génération, la styromousse serait mal vue. Tandis que pour fabriquer nos emballages, on ne coupe aucun arbre », lance-t-il.

L’entreprise, fondée en 1992, mise désormais sur le carton alvéolaire pour sa croissance. Et aussi pour se démarquer face à ses compétiteurs. Car des fournisseurs d’emballages de carton standard, il y en a plusieurs sur le marché, mais beaucoup moins pour le carton alvéolaire. « C’est notre produit phare. C’est là-dessus qu’on travaille et qu’on pousse les ventes. On a une bonne croissance et c’est grâce à ce produit-là. »

Selon le PDG, ce produit leur a déjà ouvert les portes dans le marché des provinces maritimes et de l’Ouest canadien.

Lorgner les États-Unis

Si les ventes d’Emballages LM sont principalement canadiennes, l’entreprise a récemment entrepris du démarchage dans l’État de New York et dans la Nouvelle-Angleterre pour solliciter de nouveaux clients.

« On a déjà des clients aux États-Unis, mais la proportion reste très marginale par rapport à notre chiffre d’affaires. »

D’ici deux ans, le PDG espère atteindre la moitié de son chiffre d’affaires aux États-Unis, et l’autre moitié au Canada. Une perspective « réaliste » selon lui. « Les entreprises américaines sont beaucoup plus grosses que les entreprises canadiennes, mais elles ont les mêmes besoins. »

Malgré le plus grand nombre de fournisseurs d’emballage de carton au pays de l’Oncle Sam, M. Jean mise sur ses équipements très performants, dernier cri, automatisés et avec une vitesse d’exécution impressionnante. « Je pense qu’on peut être compétitif même dans un marché déjà bien desservi. »

Autrefois, le principal client d’Emballages LM a longtemps été le fabricant de meubles Morigeau, situé à Saint-François. Une entreprise qui avait été fondée par quatre frères et sœurs, dont le père de Frédéric Jean.

À la demande de leurs parents, les huit enfants de la fratrie ont créé Emballages LM pour aider Meubles Morigeau à s’approvisionner en boîtes de carton pour les livraisons chez leurs détaillants.

« On nous formait pour qu’un jour on puisse reprendre l’usine de meuble, ce qui ne s’est jamais fait, car elle a fermé en 2008 à cause de la crise économique », ajoute le PDG.

Mais de fil en aiguille, la progéniture a pu dénicher de nouveaux clients. « Même si Meuble Morigeau n’est plus là, on roule très bien notre bosse. »

L’ancienne usine de l’entreprise est désormais occupée par les opérations d’Emballages LM. En raison de sa croissance, Emballages LM détient dorénavant une seconde usine à Saint-François, de l’autre côté de la rue.

Des affaires à la politique

Frédéric Jean est non seulement PDG d’Emballages LM, mais aussi maire du village de Saint-François-de-la-Rivière-du-Sud depuis déjà trois ans. « Je m’étais donné ce défi-là. Car gérer une municipalité ce n’est pas pareil que gérer une business. Mais j’ai réussi à apporter ma couleur. »

Très impliqué dans sa communauté, ce dernier a récemment été élu personnalité économique de l’année 2020 par la Chambre de commerce de Montmagny. « Je suis natif de Saint-François, j’y habite, et je compte bien y mourir. »

Très au fait de ce qui se déroule dans sa région et dans sa municipalité de 1650 habitants, le maire constate que la COVID n’a pas trop affecté cette communauté agricole. Le plus grand défi, autant pour son entreprise que pour la municipalité : la pénurie de main-d’œuvre. Les trois entreprises manufacturières du village réunies, soit Emballages LM, le fabricant d’outils Garant et Produits métalliques Roy, ont 50 postes à pourvoir comme journaliers, contremaîtres, en marketing… mais bien peu de candidatures.

« Ce qui va me faire décider d’installer une usine ailleurs, c’est la main-d’œuvre », lance M. Jean. Emballages LM est présentement à la recherche d’une dizaine d’employés, mais le recrutement demeure difficile. « Notre pire compétition, c’est la Prestation canadienne d’urgence [PCU] », estime-t-il. Ce dernier ajoute qu’ils ont essayé de recruter à l’étranger, mais les délais pour faire venir ces travailleurs prennent un peu plus d’un an. « Une année dans le secteur manufacturier, c’est énorme. »

« S’il n’y avait pas eu la pénurie de main-d’œuvre, on aurait été capable de produire plus et d’atteindre un plus grand chiffre d’affaires », estime le PDG.