Le nombre de passagers à l’aéroport Montréal-Trudeau a chuté de 96,9 % au deuxième trimestre de 2020 pour n’atteindre que 156 000. Sans surprise, Aéroports de Montréal (ADM) essuie des pertes.

ADM a dévoilé mardi ses résultats financiers pour le deuxième trimestre de l’année 2020, terminé le 30 juin dernier. Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA), qui mesure sa performance opérationnelle, est passé d’un gain de 85,4 millions de dollars à pareille date l’an dernier à une perte de 26 M$ cette année.

Le résultat net, lui, a été une perte de 90,7 M$, comparativement à un excédent de 22,9 M$ en 2019. Les revenus ont chuté de 83,5 %, passant de 170,1 M$ à un maigre 28,1 M$, alors que les charges totales ne reculaient que de 19,5 %.

L’effondrement du nombre de passagers est abrupt. Pour la totalité des mois d’avril (33 500) ou de mai (38 400), l’aéroport Montréal-Trudeau a accueilli moins de passagers qu’il ne le faisait lors d’une seule journée en moyenne en janvier (51 450) ou en février (52 890).

L’aéroport n’a guère été plus fréquenté en juin, avec 84 300 visiteurs, une baisse de 95,4 % par rapport à 2019. La situation devrait s’améliorer légèrement en juillet avec les retours en vol d’Air Transat, Royal Air Maroc, Swiss et KLM, mais « la fréquentation de l’aérogare demeure assez faible », a précisé la directrice des affaires corporatives d’ADM, Anne-Sophie Hamel.

« Les résultats obtenus pour ce deuxième trimestre témoignent des effets dévastateurs de la pandémie sur la santé financière de notre organisation et auront un impact certain sur la capacité d’ADM à livrer certains projets sur notre site aéroportuaire, qui sont essentiels pour le bien de la communauté », a déclaré dans un communiqué Philippe Rainville, président-directeur général d’ADM Aéroports de Montréal.

Ralentissement des investissements

L’organisation a en effet mis un frein à ses investissements en immobilisations afin de préserver ses liquidités. Après y avoir consacré plus de 2,5 fois les sommes de 2019 au premier trimestre, elle a ramené la cadence à environ 70 % de 2019 au deuxième trimestre.

Elle a notamment réduit son immense projet de réfection « côté ville » pour en éliminer, pour le moment, la réfection du stationnement étagé et la réfection du débarcadère, ne conservant que la construction de la station du REM. M. Rainville a prévenu il y a un mois environ que cette construction pourrait aussi devoir cesser si son organisme ne réussit pas à obtenir des gouvernements un prêt dont les conditions de remboursement respecteraient sa situation financière.

« Les discussions se poursuivent tant avec Ottawa que Québec, a affirmé à ce sujet Mme Hamel mardi, dans un courriel. Nous sommes convaincus que les deux gouvernements conviendront avec nous de la nécessité de construire cette infrastructure publique qui permettra à la fois de réduire les GES et de participer à la relance économique, tout en hissant Montréal au rang des grandes villes qui ont un lien rapide vers son aéroport international. »

Retour à la normale repoussé

« Le secteur de l’aviation a été particulièrement touché par les restrictions mises en place et peinera à se relever si la situation perdure, prévient M. Rainville dans le communiqué publié mardi par ADM. Alors qu’au cours des dernières semaines, le pays et la province ont entamé leurs plans de déconfinement et que de nombreux secteurs économiques reprennent leurs activités, il serait opportun de discuter d’une ouverture graduelle et ciblée des frontières. »

L’Association internationale du transport aérien (IATA), le regroupement des principaux transporteurs du monde, a reporté mardi d’un an sa prévision de retour du trafic aérien au niveau d’avant la crise. L’organisme ne l’entrevoit maintenant plus avant 2024, alors qu’il l’estimait à 2023 auparavant.

Selon l’IATA, la chute du trafic en 2020 sera de 63 %. Elle prévoyait 55 % auparavant.

« Les projections dépendent beaucoup de la manière dont les pays contrôlent le virus », a noté Brian Pearce, l’économiste en chef de l’IATA, estimant que l’arrivée d’un vaccin contre la COVID-19 pourrait améliorer la situation des compagnies aériennes.