(Montréal) Le SCFP a eu partiellement gain de cause, devant le tribunal, dans sa requête pour tenter de faire définir ses syndicats sur une base régionale à la Société québécoise du cannabis.

Le Tribunal administratif du travail lui a accordé des certificats d’accréditation syndicale couvrant plus d’une succursale dans une même région, mais cela ne pourra pas inclure automatiquement les futurs établissements dans la même région — comme il l’aurait souhaité.

Le Tribunal vient ainsi d’accréditer deux sections locales du Syndicat canadien de la fonction publique pour représenter les travailleurs de la SQDC dans les succursales de Lévis et de Lebourgneuf (rue Bouvier) dans la région de Québec—Chaudière-Appalaches, et celles de Brossard et de Saint-Jean-sur-Richelieu dans la région de la Montérégie.

Mais la requête originale du SCFP avait aussi une visée « prospective », en ce sens qu’elle couvrait non seulement les salariés qui avaient été embauchés au moment du dépôt de la requête en accréditation, mais aussi ceux qui seront éventuellement appelés à travailler dans des succursales qui ouvriront dans la même région.

C’est sur ce dernier point que le SCFP, qui est affilié à la FTQ, n’a pas réussi à convaincre le Tribunal administratif du travail.

« Demi-victoire »

Mathieu Dumont, coordonnateur du service de la syndicalisation au SCFP, y voit « une victoire pour les travailleurs, mais une défaite pour l’organisation ».

« C’est vraiment une victoire pour les travailleurs, parce que l’intérêt de 12 travailleurs de négocier tout seul avec la SQDC qui va être un géant, il n’est pas très, très solide. Mais maintenant que cette décision-là dit qu’on peut regrouper les succursales, c’est une demi-victoire pour nous », a-t-il conclu.

La demi-victoire s’explique par le fait que, pour le syndicat proprement dit, ce n’est pas un gain parce que les syndicats devront continuer de se battre entre eux pour recruter des membres. « Ça implique que pendant les deux prochaines années, autant le SCFP que la CSN vont devoir continuer de se battre dans les stationnements, succursale par succursale », s’est désolé M. Dumont.

125 requêtes déposées

En fait, l’autre syndicat qui représente aussi des membres dans d’autres succursales de la SQDC est le Syndicat des employés de magasins et de bureaux de la Société des alcools, qui est rattaché à la CSN.

La bataille pour syndiquer les travailleurs de la SQDC est une véritable saga. Plus de 125 requêtes en accréditation ont été déposées depuis l’ouverture des premiers établissements, en octobre 2018.

Pourtant, au 21 octobre, la SQDC n’avait ouvert que 23 succursales dans 18 villes situées dans 12 régions du Québec.

Dans sa décision, la juge administrative Irène Zaïkoff souligne que « faire droit à la demande du SCFP pour de futurs établissements serait, en quelque sorte, l’accréditer pour une entreprise qui n’existe pas ». Et cela va « à l’encontre de la démarche de syndicalisation, qui nécessite de faire campagne pour obtenir des adhésions et pouvoir devenir le représentant accrédité ».