Le distributeur et grossiste alimentaire Colabor essaie de redresser ses activités en sacrifiant près du quart de ses revenus, une décision saluée par les investisseurs. La direction de l’entreprise de Boucherville dit avoir décidé de larguer son plus gros client parce que le contrat liant les deux entreprises n’était pas rentable.

Le contrat d’approvisionnement des restaurants de Recipe (enseignes St-Hubert, Harvey’s, Swiss Chalet, etc.), qui rapporte des revenus annuels approximatifs de 255 millions à Colabor, se terminera de façon graduelle d’ici le printemps. L’entente était encore valide pour cinq ans (ce qui comprend l’option de renouvellement de deux ans au bénéfice de l’entreprise autrefois connue sous le nom de Cara).

S’il génère un volume de ventes significatif, ce contrat entraîne aussi une perte d’exploitation de 4 millions par année en raison des coûts de main-d’œuvre et d’autres frais fixes et variables, explique la direction de Colabor.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Ce contrat avait été initialement conclu en 2007 lors de l’acquisition de Summit (filiale de distribution de Colabor en Ontario et dans l’ouest du Québec) avant d’être renouvelé il y a quatre ans.

« C’est une occasion de recentrer nos activités en Ontario », a dit Pierre Gagné, chef de la direction financière et chef de la direction par intérim, en conférence téléphonique en marge de la diffusion des plus récents résultats trimestriels de l’entreprise.

« C’est une excellente décision », commente le gestionnaire de portefeuille Alain Chung, de la firme montréalaise Claret.

Plus tôt ce mois-ci, Claret a déclaré aux autorités boursières avoir fait passer le mois dernier son intérêt dans Colabor au-dessus de la barre des 10 %.

« Il ne sert à rien d’avoir du volume de ventes si on ne fait pas de profit », lance Alain Chung. « Ça serait stupide de continuer de perdre de l’argent avec un client. »

Belle envolée

L’action de Colabor s’est appréciée de 12 % à 64 cents hier à Toronto. Si Colabor a aujourd’hui une capitalisation boursière quatre fois moins importante qu’à ses beaux jours il y a une dizaine d’années, l’entreprise génère encore 1 milliard de chiffre d’affaires.

La résiliation du contrat avec Recipe avant son terme fait partie des mesures mises en place depuis 15 mois pour optimiser les activités et améliorer la rentabilité.

Pierre Gagné, chef de la direction financière et chef de la direction par intérim de Colabor

Au cours des cinq prochains mois, Colabor entend mettre en place des initiatives pour optimiser les activités de Summit. Des frais de restructuration peuvent « raisonnablement être anticipés à hauteur de 8 à 9 millions », est-il précisé.

La vente plus tôt cette année de la division Viandes Décarie pour une vingtaine de millions a notamment permis de réduire l’endettement de l’entreprise.

La recherche d’un nouveau chef de la direction et l’évaluation de « diverses options » visant à poursuivre la transformation de l’entreprise et l’optimisation des activités se poursuivent.

Si l’action de Colabor a enregistré un bond intéressant hier, elle accuse toujours un recul important depuis son sommet du mois d’août. « La faiblesse du titre est liée au départ soudain de l’ex-PDG Lionel Ettedgui peu après le dévoilement des résultats du deuxième trimestre en août qui montraient un début de relance », commente Derek Lessard, de la TD.

« Le cours boursier pourra s’apprécier lorsqu’une équipe de gestionnaires saura établir une feuille de route crédible auprès des investisseurs », poursuit l’analyste.

Lionel Ettedgui est aujourd’hui grand patron pour la région des Amériques chez Elopak, entreprise norvégienne spécialisée dans l’emballage ayant notamment des installations à Boisbriand. Il a décliné notre demande d’entrevue, tout comme Pierre Gagné. Colabor a fait savoir que la direction ne parlerait pas aux médias tant qu’elle n’aurait pas d’autres nouvelles à annoncer.

Le troisième trimestre en bref

Troisième trimestre 2019 – Troisième trimestre 2018

Revenus : 261,5 millions – 265,5 millions

Profit net : 1,7 million – 1,2 million

Profit par action : 2 cents – 1 cent