Le promoteur Gazoduq offre de verser une compensation de 36 millions par année aux municipalités et aux collectivités situées à proximité de son lien souterrain entre le nord-est de l’Ontario et le Saguenay.

Le gazoduc, une partie indissociable du projet Énergie Saguenay, parcourrait une distance de 782 km, surtout en territoire québécois, pour alimenter une usine de liquéfaction de gaz naturel située à Saguenay.

Les municipalités et communautés situées au Québec se partageraient 34 des 36 millions, selon la formule proposée hier par le promoteur Gazoduq.

Les municipalités de l’Abitibi (11,7 millions), du Saguenay (8,4 millions) et de la Mauricie (8,4 millions) recevraient la plus grosse compensation.

Le reste serait remis à des organismes communautaires et aux fondations des Universités du Québec en Abitibi-Témiscamingue, à Chicoutimi et à Trois-Rivières, qui sont implantées dans les régions concernées.

Comme son projet est situé à 82 % sur des terres publiques, l’entreprise n’a pas à payer de taxes. Le montant des indemnités qu’elle propose équivaut à ce qu’elle verserait en taxes sur des terres privées, une formule qu’elle qualifie d’« assez unique ».

Le Fonds pour les communautés recevrait les contributions annuelles du promoteur et serait administré par une firme indépendante

Positions bien campées

Cette première annonce des retombées économiques éventuelles du projet Énergie Saguenay était attendue, mais elle ne devrait rien changer aux positions déjà bien campées des opposants et partisans de ce qui pourrait être le plus important investissement privé de l’histoire du Québec, soit 14 milliards de dollars.

Michel Potvin, maire suppléant et président de Promotion Saguenay, qui appuie le projet, estime que la proposition de Gazoduq est intéressante, parce qu’elle dédommage la municipalité pour l’usage de terres qui ne sont pas assujetties à la taxation. Pour la région, ce projet est « très intéressant », dit-il.

La région est habituée à l’industrie, on n’a pas peur, on a toujours vécu avec ça.

Michel Potvin, maire suppléant et président de Promotion Saguenay

Selon lui, ceux qui sont favorables au projet sont sensibles, eux aussi, au sort du fjord et des bélugas. « Le Canada est un pays qui respecte l’environnement et le promoteur devra se conformer aux règles », ajoute-t-il.

Du côté de la Coalition Fjord, opposée au projet, ce ne sont pas quelques millions mis sur la table par le promoteur qui rendront le projet plus acceptable sur le plan de l’environnement.

« Ils essaient d’acheter les gens, et on trouve ça scandaleux », a commenté son porte-parole, Adrien Guibert-Barthez. 

Le projet Énergie Saguenay est constitué du lien souterrain proposé par Gazoduq qui acheminerait du gaz naturel vers un terminal de liquéfaction situé à Saguenay. Le gaz naturel liquide (GNL) serait ensuite chargé dans des bateaux à destination de l’Asie et de l’Europe.

Le coût du gazoduc est estimé à 4,5 milliards et le complexe de liquéfaction à près de 10 milliards. Le projet Énergie Saguenay est piloté par des investisseurs américains, Breyer Capital et Freestone International.