(Paris) Officiellement, Airbus n’a pas encore d’autre projet à Mirabel que d’améliorer le programme A220. Mais autour d’elle, on sent une certaine ébullition et un grand enthousiasme autour des possibilités de croissance du secteur.

« Depuis deux jours, je n’arrête pas de me faire dire que Mirabel, ça pourrait être comme un mini-Toulouse », s’est réjoui lundi le maire de Mirabel, Jean Bouchard, au Salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget.

De l’avis même de gens qui ont récemment visité la ville française où sont situées les principales installations d’Airbus, comme le directeur du développement des affaires de J2 Michel Frison, on est encore très loin du compte. Mais ça n’empêche pas de rêver et de s’inspirer.

J2, une firme spécialisée en gestion des approvisionnements, a annoncé cette semaine la signature d’une entente avec le Groupe Robert, un pilier de l’industrie québécoise du camionnage et de la logistique, et Bolloré Logistics, multinationale française de la logistique fermement implantée autour d’Airbus à Toulouse, dans l’espoir de reproduire une partie du modèle toulousain à Mirabel.

Airbus, explique-t-on, est bien prête à employer des fournisseurs provenant de partout dans le monde, mais elle aime avoir un « coussin » de pièces à proximité de son usine. Or les entrepôts manquent, à Mirabel.

Il y a beaucoup de terrains disponibles, mais pas de bâtiments.

Michel Robert, président du Groupe Robert

Le groupe se lance donc à la recherche de clients qui lui permettraient de se lancer dans la construction de ces bâtiments, en plus d’assurer des services de suivi, de gestion des commandes, etc.

Terrains à libérer

Les représentants d’Aéroports de Montréal étaient eux aussi présents à Paris cette semaine. Et même si rien ne s’est encore matérialisé, ils confirment que le niveau d’activité a grimpé depuis l’arrivée d’Airbus.

« On sent qu’il y a de l’excitation, on est presque là », dit avec enthousiasme Guy Landry, directeur du développement immobilier et commercial pour « l’aérocité internationale de Mirabel », la nouvelle désignation donnée à la zone entourant l’aéroport.

Airbus elle-même a évoqué, en janvier dernier, deux projets potentiels pour Mirabel, tous deux liés à des appels d’offres en cours : un du gouvernement fédéral pour des avions de chasse et un autre de Télésat pour des satellites de télécommunication. Dans les deux cas, la fabrication pourrait avoir lieu dans une nouvelle usine québécoise.

PHOTO YVES TREMBLAY, LES YEUX DU CIEL

Les installations de Bombardier et Airbus à Mirabel

Pour le maire de Mirabel, il y a toutefois un dossier important à régler rapidement avec le gouvernement fédéral pour permettre de vraiment bien faire débloquer les choses : rapatrier la propriété d’environ 52 millions de pieds carrés situés « à l’intérieur des clôtures » de l’aéroport, qui appartiennent au gouvernement fédéral.

Ce dernier a pour politique de ne pas vendre ces terrains. Les entreprises qui s’y installent doivent bâtir sur des terrains loués, ce qui en rebute certaines, en particulier les plus petites. « Ça empêche des petits fournisseurs de s’implanter autour », juge M. Bouchard.

Dans les deux sens

Spécialisée dans la conception et la fabrication de stations de travail et d’outils pour la production aéronautique, PCM Innovation entretenait déjà quelques relations avec Airbus avant son arrivée au Canada.

« Là, avec la hausse de cadence pour l’A220, c’est beaucoup plus, témoigne son président, Jean-François Hamel. C’est délicat à dire, mais pour nous, le passage à Airbus a été relativement une bonne nouvelle. »

L’entreprise a annoncé cette semaine l’ouverture d’un bureau à Toulouse, un projet qu’elle aurait quand même réalisé sans l’arrivée de celle-ci au Canada, selon M. Hamel.

C’est aussi le cas de Global Partners Solutions (GPS), une entreprise québécoise spécialisée dans la gestion des fournisseurs. Celle-ci disposait déjà de bureaux à Wichita, Irvine et Birmingham (Royaume-Uni), en plus de son siège social de Dorval. Elle vient d’en ouvrir un à Toulouse.

« Avec ce qui s’est passé avec la C Series, on voulait se rapprocher de Toulouse, explique son président, Robert Hachey. L’arrivée d’Airbus a été un peu un déclencheur pour un projet qu’on avait déjà. Le fait qu’ils soient à Mirabel maintenant, ça aide, mais il faut quand même faire notre travail. »