(Montréal) Las de se faire dire qu’il n’est pas raisonnable, le syndicat des travailleurs de l’Aluminerie de Bécancour réitère sa demande de soumettre le litige avec l’employeur à un arbitre — une partie neutre qui déterminerait le contenu de la prochaine convention collective.

Le syndicat des Métallos a donc formulé une deuxième demande d’arbitrage, vendredi, bien qu’une semblable demande avait déjà été rejetée par la direction d’ABI lorsque le syndicat l’avait formulée une première fois, le 22 février dernier.

Un lock-out des 1030 travailleurs a été déclenché le 11 janvier 2018, il y aura bientôt un an et demi.

Pour qu’un arbitre puisse ainsi entrer en scène et être nommé par le ministre du Travail, les deux parties doivent l’accepter. Un arbitre est un expert en relations de travail qui est neutre, qui écoute les représentations des deux parties avant de trancher.

Non de la direction

Mais, comme ça avait été le cas en février, la direction d’ABI a repoussé vendredi l’offre du syndicat. « L’arbitrage ne sécurisera pas l’avenir d’ABI. Les processus alternatifs ne sont pas les solutions appropriées pour résoudre le conflit », a fait savoir la direction par courriel.

La direction a défendu les offres qu’elle a déjà faites au syndicat pour tenter de dénouer l’impasse. « ABI a toujours négocié de bonne foi et a soumis au syndicat des offres compétitives qui sont alignées avec l’industrie de l’aluminium au Québec », a-t-elle ajouté.

Appuis international et canadien

Par ailleurs, le syndicat des Métallos, qui est affilié à la FTQ, a obtenu deux appuis de taille pour sa plainte à l’Organisation internationale du travail (OIT), une agence des Nations unies, contre le gouvernement du Québec.

Il y reproche au premier ministre François Legault d’avoir exprimé un parti-pris en faveur de l’employeur, dans le conflit, en affirmant que le syndicat n’était pas raisonnable. Il avait aussi évoqué le salaire de 90 000 $ et les heures de libération syndicale, entre autres. Il s’était aussi plaint des répercussions économiques de 500 millions sur la région, bien qu’il s’agisse d’un lock-out et non d’une grève.

Ainsi, le Congrès du travail du Canada, qui compte 3 millions de membres au pays, a adressé une lettre à l’OIT appuyant la plainte des Métallos. « Le CTC appuie la position des Métallos selon laquelle le gouvernement du Québec, par les déclarations publiques de son chef et représentant officiel, le premier ministre François Legault, est intervenu dans les négociations pendant le lock-out de 17 mois à l’Aluminerie de Bécancour », écrit Hassan Yussuff, président du CTC. Le syndicat des Métallos est affilié à la FTQ, qui a elle-même des liens avec le CTC.

Le second appui, plus lourd encore, vient de l’IndustriALL Global Union, un regroupement de 50 millions de travailleurs dans 140 pays dans les mines, l’énergie et le secteur manufacturier.

« IndustriALL ne peut accepter que des politiciens s’ingèrent d’une manière aussi biaisée dans des négociations entre partenaires sociaux. Il s’agit d’une menace sérieuse à la liberté syndicale et au droit de négocier collectivement », a affirmé le regroupement.

ABI est propriété à 75 % d’Alcoa et à 25 % de Rio Tinto.