Bombardier est en discussions « avancées » avec Mitsubishi pour la vente de son programme d'avions régionaux CRJ, ce qui mettrait plus ou moins un terme à l'aventure du conglomérat québécois dans l'aviation commerciale.

L'entreprise québécoise a confirmé dans une déclaration écrite une information publiée ce matin par le site spécialisé The Air Current. 

« À la lumière des récents reportages médiatiques, Bombardier estime qu'il est prudent d'informer nos parties prenantes de ses discussions avec Mitsubishi Heavy Industries, Ltd. concernant son programme CRJ, écrit-on. Nous ne commenterons pas davantage la nature des discussions. Avant la conclusion de tout accord, un examen approfondi et une analyse sont requis, ainsi que l'approbation éventuelle du conseil d'administration de Bombardier. Mitsubishi Heavy Industries, Ltd. doit également mener à bien son processus de vérification préalable et son propre processus d'analyse et d'approbation, indépendants de la volonté de Bombardier. Rien ne garantit que de telles discussions aboutiront finalement à un accord. » 

Mitsubishi Heavy Industries a elle aussi confirmé l'information dans une déclaration transmise par courriel. 

« Il est vrai que nous sommes en discussions à propos d'une possible transaction impliquant le programme d'avions régionaux de Bombardier, tout en respectant de façon stricte les règles de concurrence. Toutefois, aucune décision n'a été prise et il n'y a pas de garantie quant au contenu d'une éventuelle transaction ». 

Selon The Air Current, une annonce pourrait survenir dans un peu moins de deux semaines, à Paris, à l'occasion de l'important Salon aéronautique du Bourget. 

Bombardier avait indiqué en novembre dernier, au moment où elle annonçait la vente de son programme d'avions turbopropulsés Q400, qu'elle ne fermait pas la porte à l'« option stratégique » que représentait une vente du programme CRJ. 

Si la vente devait se matérialiser, la seule implication de Bombardier dans l'aviation commerciale resterait sa participation minoritaire dans le programme A220 d'Airbus, l'ancien C Series.

Québec laisse passer

À Québec, le ministre de l’Économie Pierre Fitzgibbon n’a pas semblé s’opposer au souhait de Bombardier. « Bombardier est dans une restructuration très très très importante, a-t-il rappelé. Et je pense qu’il faut laisser la direction déterminer quels sont les secteurs où ils pensent qu’ils vont être bons. Et personnellement, le Global, l’avion d’affaires, je pense que c’est un très très bon avion. Comme le A220 était un bon avion aussi, sauf que Bombardier ne pouvait pas le commercialiser.

« Le CRJ, on le savait, ça a été dit publiquement. C’est un avion en fin de vie, un avion auquel il reste peut-être une dizaine d’années. L’argent qu’il faut réinvestir dans le CRJ, et je ne suis pas un expert de l’aviation, est très très important. Est-ce que Bombardier peut de lui-même investir dans le CRJ ? Je pense que poser la question, c’est y répondre en partie. » 

Il soutient que le secteur de l’aéronautique « va très bien ».

« Notre travail depuis notre arrivée au pouvoir, c’est que les emplois qui seraient perdus chez Bombardier soient repris par le reste de l’industrie. Et à ce jour, les emplois qui ont été coupés chez Bombardier, la plupart de gens se sont trouvé un autre emploi. Je suis en contact continuel avec M. Bellemare sur tout Bombardier au complet pour m’assurer que les emplois de qualités soient maintenus dans l’aéronautique. Et à date, on a réussi. »

Il est impossible, pour le moment, de savoir quel impact une vente à Mitsubishi aurait sur les emplois à Mirabel, où les avions CRJ sont assemblés, ou à Saint-Laurent, où sont fabriquées des composantes. Pour Mitsubishi, l'acquisition du CRJ s'intégrerait dans un plan de relance de son propre avion régional, le MRJ, bientôt rebaptisé Space Jet. Victime de nombreux délais, cet avion n'a toujours pas réussi à recevoir sa certification et le conglomérat japonais y a récemment annoncé des changements importants. 

Mitsubishi et Bombardier sont aussi impliqués dans des batailles juridiques, la seconde accusant la première de lui avoir volé des employés importants partis avec des secrets du C Series, notamment en ce qui concerne son processus de certification.

- Avec Tommy Chouinard