Le PDG d'Amaya, David Baazov, a dit hier soir « être en position d'arriver à pouvoir déposer une proposition visant à acquérir toutes les actions d'Amaya ».

Il a fait cette déclaration pour le moins évasive durant une conférence téléphonique qui a débuté avec une quinzaine de minutes de retard sur l'heure du souper.

« Je m'excuse pour le délai lié à un volume exceptionnellement élevé d'intérêt et d'appels pour cette conférence téléphonique. Nous avons voulu donner une chance à tout le monde de pouvoir composer le numéro », a tenu à dire David Baazov d'entrée de jeu.

La raison évoquée par David Baazov pour expliquer le retard de la conférence téléphonique témoigne de la fébrilité des investisseurs. Durant une séance boursière il y a deux semaines, l'action de l'entreprise de Pointe-Claire avait fait un bond soudain de 12 % par rapport à son cours de fermeture qui l'avait poussée à près de 22 $ à Toronto. Cela avait déclenché un coupe-circuit et provoqué un arrêt des transactions.

Cette brusque appréciation avait été observée peu après la diffusion de propos favorables à Amaya sur les ondes du réseau de télévision BNN et au moment même où l'agence Bloomberg publiait une dépêche dans laquelle il était révélé que, pour des raisons de gestion de risque financier, des acquéreurs potentiels pourraient faire équipe avec David Baazov afin de racheter l'entreprise au lieu de soumettre une offre concurrente à celle que le PDG d'Amaya pourrait déposer. La dépêche soulignait même que David Baazov avait notamment discuté avec l'entreprise européenne Playtech d'une telle possibilité.

Les investisseurs sont particulièrement aux aguets depuis qu'Amaya a laissé savoir, au début de février, que David Baazov avait fait connaître aux membres du conseil d'administration son intention de présenter une proposition pour racheter l'entreprise au prix de 21 $ l'action en argent comptant. Il avait aussi été précisé que David Baazov avait l'intention de présenter sa proposition officielle « vers la fin de février ».

Le mois de mars étant maintenant bien entamé, beaucoup d'investisseurs avaient hâte d'entendre ce que David Baazov avait à dire hier soir.

La conférence téléphonique a finalement durée 45 minutes. David Baazov a refusé de répondre aux questions qui touchaient à une éventuelle offre d'achat qu'il prépare. Seuls les analystes pouvaient poser des questions, et personne ne lui a demandé si Amaya avait reçu des manifestations d'intérêt pour acheter l'entreprise, autre que de la part de son PDG.

David Baazov a néanmoins commenté la performance financière de l'entreprise et certaines de ses perspectives. Il a notamment indiqué qu'Amaya continuait d'évaluer des cibles d'acquisition potentielles mais que, pour l'année 2016, l'entreprise qui exploite le site PokerStars allait principalement se concentrer sur la croissance organique.

Résultats supérieurs aux attentes abaissées

Amaya a par ailleurs dévoilé hier soir des résultats de fin d'exercice supérieurs aux attentes des marchés, qui avaient été ajustées à la baisse dans les derniers mois. Les revenus des mois d'octobre, novembre et décembre se sont élevés à 389 millions, l'équivalent d'une progression de 15 % sur un an. Le bénéfice par action du trimestre a atteint 53 cents, en hausse de 24 % par rapport à la période correspondante de l'exercice précédent.

Le consensus des analystes élaboré par l'agence Reuters pour le trimestre s'articulait autour de revenus de 340 millions et d'un bénéfice par action de 49 cents.

« En 2015, malgré les défis importants qu'ont représenté la fluctuation des devises et le déploiement de produits, nous avons progressé sur la base d'un taux de change constant », a dit David Baazov.

Compte tenu du contexte, Amaya estime qu'il n'est pas judicieux de fournir des prévisions pour 2016. Une mise à jour du rendement pour les deux premiers mois de l'année a toutefois été offerte. Pour janvier et février, l'entreprise estime que les revenus ont atteint 189 millions US, en hausse de 4 % sur un an. En excluant les incidences de la variation du taux de change, Amaya estime que la progression est de l'ordre de 14 % par rapport à l'année dernière.

La société est toujours visée par une enquête de l'Autorité des marchés financiers du Québec entourant certaines transactions boursières liées à l'acquisition de PokerStars en juin 2014 au coût de 5 milliards.

L'action d'Amaya avait cédé 2 % en cours de séance, hier, pour clôturer à 18,60 $ à la Bourse de Toronto.

Le trimestre en bref

T4 2015  / T4 2014

Revenus: 389,5 millions / 339,4 millions

Bénéfice par action ajusté: 53 cents / 43 cents