Le conglomérat industriel allemand ThyssenKrupp a continué de se redresser au premier trimestre de son exercice décalé 2014/2015, signant un retour dans le vert et confirmant ses objectifs annuels, ce qui ne suffisait pas à satisfaire les investisseurs.

Aidé par une réduction de ses coûts et une progression de son chiffre d'affaires de 11 % (+5 % à périmètre constant), à 10 milliards d'euros, le sidérurgiste, également présent dans les ascenseurs ou les pièces automobiles, a généré 50 millions d'euros de bénéfice net entre octobre et décembre, contre une perte de 65 millions il y a un an.

«L'évolution de nos résultats du trimestre montre qu'avec notre restructuration, nous sommes sur la bonne voie», malgré un contexte économique et géopolitique toujours incertain, a commenté Heinrich Hiesinger, patron de ThyssenKrupp.

Les efforts du fleuron industriel allemand pour gagner en efficacité se sont surtout fait ressentir au niveau du bénéfice d'exploitation (Ebit) ajusté, qui a bondi de 29 % à 317 millions d'euros. Il doit atteindre sur l'ensemble de l'exercice fiscal «au moins 1,5 milliard d'euros», a confirmé ThyssenKrupp dans un communiqué.

Cela représentera une progression d'au moins 15 % par rapport à l'Ebit ajusté de 1,3 milliard d'euros enregistré sur l'exercice 2013/2014, au cours duquel ThyssenKrupp avait renoué avec un bénéfice annuel, après deux années de lourdes pertes.

Lors d'une conférence téléphonique, le directeur financier, Guido Kerkhoff, a indiqué attendre également une hausse de l'Ebit ajusté au deuxième trimestre.

Pour l'ensemble de l'exercice en cours, le groupe attend toujours une progression à un chiffre de son chiffre d'affaires (à base comparable) et «une nette amélioration» de son bénéfice net.

Néanmoins, le bilan du groupe ne satisfaisait pas les investisseurs: le titre ThyssenKrupp était vendredi matin bon dernier de l'indice Dax de la Bourse de Francfort, avec une baisse de 3,30 % à 22,85 euros à 9 h 34 GMT.

Pourtant, l'analyste de DZ Bank Dirk Schlamp considère que, même si le bénéfice net et le bénéfice d'exploitation sont ressortis un peu en dessous des attentes, «le premier trimestre montre une tendance positive et ne comporte pas de surprise majeure».

De leur côté, les analystes d'Alphavalue pointaient du doigt «une nouvelle forte détérioration de la qualité du bilan», avec notamment un accroissement de la dette nette, à 4,2 milliards d'euros, et du coût des retraites des employés. Mais pour l'heure, ThyssenKrupp n'envisage aucune augmentation de capital, a indiqué M. Kerkhoff.

Au premier trimestre, les entrées de commandes ont reculé de 5 % à 10,1 milliards d'euros, mais surtout, car celles d'il y a un an avaient été gonflées par une grosse commande dans le secteur naval. «Tous les autres secteurs industriels ont montré des entrées de commandes soit stables soit en progression», avec même un record dans les ascenseurs, assure le groupe.

Parmi ses différentes activités, celle de sidérurgie en Europe a souffert de la baisse du prix de l'acier, que ThyssenKrupp n'a pu compenser par une hausse des volumes de ventes, à l'inverse de son concurrent ArcelorMittal, en raison d'un retard pris dans la modernisation d'un site.

En outre, sa branche de matériels industriels a pâti d'une grève en Italie dans son usine AST, où il veut réduire fortement les effectifs, et est de ce fait la seule activité à ne pas avoir amélioré son bénéfice d'exploitation ajusté.

Pour satisfaire aux exigences de Bruxelles, ThyssenKrupp avait repris en 2014 AST et son activité de fabrication d'alliages VDM, initialement cédés au finlandais Outokumpu en même temps que sa filiale d'acier inoxydable.

Interrogé sur l'avenir de VDM, M. Kerkhoff a indiqué que le groupe était «dans une phase de tests de marché» et qu'il était encore trop tôt pour évoquer une éventuelle vente.