Le ministre des Transports, Marc Garneau, annonce que les Boeing 737 MAX 8 et MAX 9 seront cloués au sol au Canada jusqu'à nouvel ordre.

Ottawa se range ainsi derrière un nombre grandissant de pays qui ont banni ce type d'appareil dans la foulée de l'écrasement d'un avion du transporteur Ethiopian Airlines, qui a coûté la vie à 157 personnes dimanche.

« La décision est basée sur de nouvelles informations reçues ce matin et analysées », a indiqué le ministre Garneau, lors d'un point de presse mercredi, en compagnie du sous-ministre adjoint, Aaron McCrorie et du directeur général associé de l'Aviation civile, François Collins.

« Suivant les conseils des experts de l'aviation civile de Transports Canada, j'ai émis, à titre de mesure préventive, un avis de sécurité afin de régler ce problème. Cet avis de sécurité restreint le décollage, l'atterrissage ou le survol de l'espace aérien canadien par tout vol commercial de passagers effectué par des appareils Boeing 737 MAX 8 et Boeing 737 MAX 9 exploité par tout transporteur aérien, canadien comme étranger. Cet avis entre en vigueur immédiatement et sera en place jusqu'à nouvel ordre », a expliqué M. Garneau.

Transports Canada consultait des experts sur la question depuis les dernières heures. Hier encore, M. Garneau indiquait qu'il ne prévoyait pas immobiliser la flotte canadienne, mais que « toutes les options (étaient) sur la table ».

Selon M. Garneau, ces nouvelles informations font état de certaines similitudes entre l'accident d'Ethiopian Airlines dimanche dernier et l'écrasement du même modèle d'avion de Lion Air, en Indonésie, en octobre dernier, qui avait coûté la vie à 189 personnes, notamment en ce qui a trait au décollage des appareils.

« Il est trop tôt pour émettre des hypothèses au sujet de la cause de l'accident d'Addis-Abeba et pour établir des liens avec l'accident d'un vol du transporteur Lion Air survenu en Indonésie en octobre dernier », a néanmoins précisé M. Garneau, qui martèle « qu'il ne faut pas sauter trop rapidement aux conclusions ».

Reste que le ministre Garneau admet que l'analyse des experts canadiens était suffisamment préoccupante pour interdire les vols des Boeing MAX 8 et MAX 9 le temps d'approfondir les enquêtes.

Maux de tête à prévoir

M. Garneau a admis que la décision d'Ottawa causera des maux de tête aux voyageurs et transporteurs canadiens, notamment Air Canada, qui compte une flotte de 24 Boeing 737 MAX 8. « C'est malheureux, mais il faut mettre la sécurité en priorité », a-t-il affirmé. Les vols qui ont cours aujourd'hui sont autorisés à compléter leur itinéraire.

Le ministre dit également avoir eu de nombreux échanges avec les autorités américaines qui n'ont pas banni ce type d'appareil de leur ciel aérien. Interrogé à ce sujet, M. Garneau a affirmé n'avoir reçu aucune pression politique de la part des États-Unis dans le dossier.