L'espace aérien de l'Union européenne est entièrement fermé depuis mardi au nouvel avion de Boeing impliqué dimanche dans la catastrophe d'Ethiopian Airlines, et de nombreux autres pays ont décidé de clouer au sol ou de fermer leur espace aérien aux Boeing 737 Max 8.

L'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) a pris des mesures pour exclure des airs le modèle du constructeur américain, suivant la voie de gouvernements de l'Asie et du Moyen-Orient et de transporteurs ayant également agi à l'égard des craintes sur la sécurité dans la foulée de l'écrasement, dimanche, qui a fait 157 morts.

Turkish Airlines, Oman Air, Norwegian et le transporteur sud-coréen Eastar figurent parmi les plus récentes compagnies à avoir interrompu l'usage de l'avion de Boeing. L'Irlande, les Pays-Bas, la Malaisie, l'Australie, Singapour et l'Inde ont suspendu tous les vols en partance ou à destination de villes sur leur territoire.

La pression s'est accrue sur les États-Unis pour qu'ils prennent une décision sur ces Boeing 737 Max 8. Au Canada, le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, a déclaré mardi matin que « toutes les options sont sur la table », mais le gouvernement ne prévoit actuellement pas d'ordonner le maintien au sol de ces appareils.

Air Canada a précisé lundi qu'elle utilise notamment 24 avions Max 8 sur des liaisons entre Vancouver et Montréal et entre Calgary et Vancouver. Étant donné l'interdiction par l'autorité de l'aviation civile du Royaume-Uni de l'exploitation de tous les Boeing 737 Max 8, Air Canada a annulé ses vols prévus avec ces appareils en partance ou à destination de Londres jusqu'à nouvel ordre.

WestJet Airlines a pour sa part indiqué qu'elle n'avait pas l'intention d'immobiliser ses 13 appareils Max 8 de sa flotte de 121 Boeing 737.

Certaines compagnies aériennes ont fait état de clients inquiets pour expliquer leur décision, au moment où les experts cherchent à connaître les raisons de l'écrasement de l'appareil peu après le décollage, dimanche, tuant les 157 passagers et membres d'équipage à bord. Or, il faudra peut-être attendre des mois avant d'obtenir des réponses. Ethiopian Airlines n'a pas publié de nouvelles informations sur l'écrasement, alors que 35 pays en deuil de leurs ressortissants attendaient des réponses.

Les autorités britanniques ont annoncé mardi avoir ordonné le maintien au sol du modèle de Boeing impliqué dans l'accident, étant donné qu'elles n'avaient pas « d'informations suffisantes à partir de l'enregistreur de données de vol ». Selon un responsable d'Ethiopian Airlines, l'une des deux « boîtes noires » a été partiellement endommagée dans l'écrasement. Cinq appareils de ce type sont enregistrés et en fonction au Royaume-Uni et un sixième devait s'y ajouter plus tard cette semaine.

L'Administration de l'aviation civile chinoise avait déjà ordonné après l'écrasement à toutes les compagnies aériennes du pays de suspendre les vols des Boeing 737 Max 8. Lundi, l'Indonésie avait de son côté annoncé que tous les avions Boeing 737 Max 8 seraient cloués au sol pour que des inspections soient faites.

Boeing se défend

Boeing a toutefois déclaré qu'elle n'avait aucune raison de retirer les populaires avions du ciel et qu'elle n'avait pas l'intention de présenter de nouvelles recommandations concernant ses appareils. Son équipe technique a rejoint les experts américains, israéliens et d'autres pays dans l'enquête menée par les autorités éthiopiennes.

Des experts en matière de sécurité ont toutefois mis en garde contre la tentation de faire des comparaisons trop rapides avec l'écrasement de l'appareil de Lion Air, qui avait coûté la vie à 189 personnes en Indonésie.

Même le président Donald Trump a mis son grain de sel. Il a déclaré que la « complexité créait du danger » pour les appareils modernes et forçait les pilotes à prendre des décisions « en une fraction de seconde » pour assurer la sécurité des passagers. « Je ne sais pas pour vous, mais je ne veux pas qu'Albert Einstein soit mon pilote. Je veux de bons professionnels de vol qui puissent contrôler facilement et rapidement un avion ! », a-t-il ajouté sur Twitter.

L'avion d'Ethiopian Airlines s'est écrasé par temps clair six minutes après son départ pour Nairobi.

Il faudra cinq jours avant que la totalité des victimes ne soient identifiées, a déclaré à l'Associated Press le porte-parole d'Ethiopian Airlines, Asrat Begashaw. Les victimes étaient originaires de 35 pays, dont 18 du Canada.