Depuis qu'Airbus s'est posé en Alabama, il y a quatre ans, le géant européen n'a pas eu à s'asseoir avec les syndicats, ce que souhaite changer l'Association internationale des machinistes et des travailleurs de l'aérospatiale (AIMTA).

Alors que le début des travaux de la chaîne d'assemblage américaine des avions A220 - nés de la C Series de Bombardier - a été souligné, mercredi, à Mobile, le syndicat a rappelé qu'il comptait poursuivre ses efforts de recrutement.

« Ce n'est pas une cachette, a expliqué le coordonnateur québécois de l'AIMTA, David Chartrand, au cours d'un entretien téléphonique. Notre syndicat a des recruteurs dans le sud des États-Unis. Ils vont continuer. »

À terme, plus de 400 personnes vont s'affairer à assembler des avions destinés aux clients américains de l'A220 - Delta Air Lines, JetBlue et Moxy. Cette chaîne d'assemblage se trouvera sur le terrain d'Airbus, qui a inauguré, en 2015, une chaîne pour les appareils de sa famille A320.

Contrairement à d'autres endroits en Europe, le site d'Airbus à Mobile n'est pas syndiqué, puisque l'Alabama se trouve dans une région des États-Unis où des lois permettent aux travailleurs de ne pas s'affilier à un syndicat implanté dans leur lieu de travail.

« L'AIMTA est un syndicat international, a rappelé M. Chartrand. Même avant l'arrivée de l'A220, nous avions des gens sur le terrain ayant effectué du recrutement. »

En 2015, le syndicat avait notamment ouvert des bureaux à Mobile afin d'informer et tenter d'attirer des travailleurs de l'entreprise potentiellement intéressés à joindre ses rangs.

Les machinistes sont bien connus au Québec, puisqu'ils sont très présents dans le secteur de l'aéronautique, représentant quelque 4500 salariés de Bombardier et de la Société en commandite Avions CSeries. Aux installations de Mirabel, où se trouve la principale ligne d'assemblage du A220, les salaires annuels oscillent entre 50 000 $ et 80 000 $, a indiqué M. Chartrand.

Dans le sud des États-Unis, l'AIMTA a réussi à marquer des points l'an dernier en déposant une requête en accréditation pour un groupe de mécaniciens oeuvrant chez Boeing. Le dossier se trouve toutefois devant les tribunaux.

Les syndicats ont toutefois le droit d'exister à Mobile, a rappelé le président de la chambre de commerce de la région, Bill Sisson, au cours d'une entrevue téléphonique accordée à La Presse canadienne il y a quelques mois.

« Par exemple, les travailleurs du port sont syndiqués, a-t-il dit. À ma connaissance, il n'y a pas eu de grève là-bas depuis le début des années 1980. Les relations de travail sont paisibles. »

La chaîne de montage américaine de l'A220 devrait coûter environ 300 millions $  US à construire, un montant qui viendra des coffres de Bombardier.

Cette somme fait partie des 925 millions  $ US qui pourraient être injectés par l'avionneur québécois d'ici la fin de 2021 en vertu du partenariat ayant permis au géant européen de prendre le contrôle de la C Series sans avoir eu à verser un sou.

De plus les autorités locales ainsi que l'État de l'Alabama ont octroyé des aides financières totalisant 16 millions  $ US. La production devrait débuter au troisième trimestre, même si la construction n'est pas complétée, afin de procéder aux premières livraisons en 2020.

Dans des documents transmis aux médias, le géant de Toulouse a réitéré qu'il y aurait des retombées économiques pour le Québec générées par cette chaîne de fabrication américaine.

Selon les estimations d'Airbus, lorsque les sites de Mirabel - 10 appareils par mois - et de Mobile - quatre avions par mois - tourneront à plein régime, les fournisseurs du Québec de l'A220 devraient toucher mensuellement des revenus de 400 millions.

L'A220 compte 537 commandes fermes en provenance de 19 clients.