Après avoir attiré tous les regards dimanche à Farnborough avec trois vols de démonstration de l'avion C Series, Bombardier est sortie de la lumière des projecteurs hier alors que ses concurrents multipliaient les annonces de commandes.

Boeing a remporté la journée avec des lettres d'intention portant sur 65 avions monocouloir 737 et 5 long-courriers 787 Dreamliner. Si tous les contrats sont signés, leur valeur atteindrait plus de 8 milliards US selon les prix courants (avant rabais).

Le plus grand rival de Bombardier, le brésilien Embraer, a aussi fait bonne figure en dévoilant des commandes totalisant 840 millions US aux prix courants. Elles portent sur 15 avions E190, E190-E2 et E195-E2 pouvant transporter de 95 à 130 personnes. Les acheteurs sont danois, indonésiens et israéliens.

EMBRAER C. BOMBARDIER

En conférence de presse, le nouveau patron des avions commerciaux chez Embraer, John Slattery, n'a pas pu s'empêcher d'y aller d'une pique contre Bombardier, s'interrogeant sur l'investissement de 1 milliard US qui donnera à Québec une participation de 49,5 % dans la C Series.

« Cela préoccupe probablement certains clients », a-t-il lancé, laissant entendre que Bombardier croit plus ou moins au succès de la nouvelle gamme d'avions de 110 à 160 places. En entrevue à la publication spécialisée Flight Global, le président de Bombardier Avions commerciaux, Fred Cromer, a rétorqué que les clients étaient plutôt rassurés par l'appui du gouvernement.

M. Slattery a aussi soutenu que les coûts en carburant de l'avion remotorisé E195-E2 d'Embraer étaient 10 % moins élevés par passager que ceux du CS100 de Bombardier. La multinationale montréalaise s'est empressée de réfuter cette allégation.

Pour revenir aux commandes, Airbus n'a pas été en reste avec la vente de 27 avions A320, A320neo, A330neo et A350, y compris auprès de Virgin Atlantic, contrôlée par le milliardaire britannique Richard Branson. D'autres commandes de plusieurs milliards de dollars US sont attendues pour le constructeur européen d'ici la fin de la semaine.

De son côté, Bombardier n'avait rien d'autre à offrir aux journalistes et aux visiteurs que l'énième événement pour souligner l'entrée en service de la gamme d'avions C Series, vendredi à Zurich. Depuis plusieurs jours, les dirigeants de l'avionneur québécois répètent qu'ils ne font pas d'effort particulier pour faire coïncider l'annonce de contrats avec les salons aéronautiques et que les acheteurs potentiels attendent de voir comment se passera l'entrée en service du CS100 avant de passer des commandes.

PRÉVISIONS EN HAUSSE

Airbus, Boeing et Embraer ont par ailleurs revu à la hausse, hier, leurs perspectives à long terme du marché de l'aviation commerciale. L'augmentation se chiffre à 5 % pour Boeing, à 1,5 % pour Airbus et à quelques poussières pour Embraer. Bombardier a été le seul avionneur majeur à ne pas publier ses perspectives à long terme hier.

Airbus et Boeing prévoient que de 33 000 à 40 000 avions commerciaux seront livrés au cours des 20 prochaines années, ce qui représente des revenus totaux de plus de 5000 milliards US, d'après les prix courants.