Le transporteur ferroviaire Canadien Pacifique demande aux actionnaires de Norfolk Southern de convaincre le conseil d'administration du chemin de fer américain d'accepter de tenir des négociations en vue d'une éventuelle fusion.

Plutôt que de se lancer dans une course aux procurations et de tenter de faire élire des administrateurs favorables à son projet sur le conseil de Norfolk Southern, la société de Calgary a soumis une proposition en vue d'un vote qui se tiendra lors de la prochaine assemblée annuelle des actionnaires du transporteur de la Virginie.

La dernière assemblée a eu lieu en mai.

«Nous ne demandons pas aux actionnaires de Norfolk Southern de voter sur la proposition existante; nous leur demande simplement de voter pour que leur conseil d'administration accepte de nous parler», a expliqué le chef de la direction du CP, Hunter Harrison, dans un communiqué.

«Nous continuons à croire au potentiel qu'aurait la création d'un chemin de fer transcontinental avec Norfolk Southern et nous croyons qu'il s'agit d'une approche juste et mesurée pour obtenir une entente.»

Par communiqué, tard mardi, Norfolk a dit croire que de discuter davantage «n'était pas dans les meilleurs intérêts des actionnaires de la Norfolk Southern sauf si les offres de CP étaient d'une valeur irrésistible et s'il était question des réglementations inhérentes à la proposition».

«Notamment, le CP n'a pas répondu aux préoccupations du conseil d'administration de la Norfolk Southern, ni cherché une ordonnance déclaratoire de la part de la Commission américaine du transport de surface qui apporterait des précisions quant à  l'approbation réglementaire de la structure de vote», peut-on y lire.

Le chemin de fer a toujours refusé d'entamer des négociations au sujet de la proposition de regroupement du CP, évaluée à 30 milliards $ US.

Selon l'analyste Walter Spracklin, de RBC Marchés des capitaux, même si le vote n'est pas contraignant, un fort appui à la motion du CP pourrait envoyer un signal au conseil de Norfolk et «vraisemblablement mener à des négociations».

Le Canadien Pacifique avait ouvert la porte à un changement de stratégie il y a quelques semaines, lorsque M. Harrison avait critiqué les interventions de certains élus du Congrès américain et défendu le recours à une fiducie dans la transaction - que certains affirment être non éthique et illégal - en faisant valoir qu'il avait été utilisé à plusieurs reprises dans le passé.

M. Harrison a indiqué aux analystes que l'entreprise réviserait sa stratégie, n'ayant pas anticipé que le monde politique prendrait le dessus sur le processus de révision réglementaire.

«Si les dés sont pipés (contre nous) et que quelqu'un cache un as dans sa manche et ne joue pas en fonction des règles établies, alors nous comprenons que nous devons nous ajuster en conséquence», avait-il affirmé lors d'une conférence téléphonique sur les plus récents résultats trimestriels du CP, le 21 janvier.

Le Canadien Pacifique a répété mardi que son offre en espèces et en actions créerait une société dont le potentiel de croissance serait plus rapide que celui de n'importe quel autre chemin de fer seul, tout en améliorant les services aux consommateurs.

«Les actionnaires et les analystes vont suivre Norfolk Southern de près tout au long de 2016 et s'ils continuent à offrir une performance décevante, la pression pour travailler avec le CP ne fera que s'accroître», a ajouté M. Harrison.

Même s'il croit que les fusions de chemins de fer seront éventuellement nécessaires pour répondre aux exigences de la croissance économique et de celle de la population, M. Harrison a indiqué que le CP saurait malgré tout reconnaître le moment où il vaudrait mieux abandonner son projet.

Le transporteur se concentrera alors plutôt sur le rachat de ses actions, qui ont retraité de 35 pour cent au cours de la dernière année, a précisé le chef de la direction.