Pour la deuxième fois en moins de six mois, l'agence de notation Moody's a abaissé la cote de crédit de Bombardier.

La cote du géant québécois des transports passe ainsi de B1 à B2, ce qui risque d'accroître ses coûts d'emprunt. Moody's maintient en outre ses perspectives négatives à l'égard de Bombardier. En février, la firme avait déjà réduit la cote de l'entreprise de Ba3 à B1.

«Nous croyons que la faiblesse dans le segment des jets d'affaires de Bombardier poussera son endettement au-dessus de 8,5 fois [le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ou BAIIA] l'an prochain et que la consommation de liquidités de l'entreprise sera plus préoccupante que ce que nous prévoyions antérieurement», a écrit l'analyste Darren Kirk dans une note publiée jeudi soir.

Malgré les mesures de redressement mises en place par la nouvelle équipe de haute direction de l'entreprise, Moody's s'attend à ce que le BAIIA de Bombardier recule jusqu'à la fin de 2016 en raison des coûts associés à l'accroissement de la production de la gamme d'avions commerciaux CSeries et du ralentissement du secteur des avions d'affaires.

Concurrence

La firme new-yorkaise estime que la position concurrentielle de Bombardier dans ce marché «s'est affaiblie» au cours des derniers mois. La semaine dernière, l'avionneur a annoncé un retard de deux ans pour l'entrée en service du jet d'affaires Global 7000, qui doit l'aider à contrer le vif succès que connaît le G650 de son rival américain Gulfstream.

Depuis le début de l'année, Bombardier a consommé pas moins de 1,6 milliard US de liquidités. Moody's prévoit toutefois qu'au deuxième semestre de 2015, les flux de trésorerie de l'entreprise seront légèrement positifs. L'an prochain, la consommation de liquidités devrait se limiter à 750 millions US, selon Moody's.

En raison de mouvements saisonniers dans le fonds de roulement, l'agence calcule cependant que les liquidités de Bombardier pourraient fondre jusqu'à 2 milliards US en septembre 2016, un niveau relativement faible pour une société de cette taille. Ces prévisions excluent toutefois les fonds qui seront recueillis lors de l'entrée de la division Bombardier Transport à la Bourse de Francfort, prévue à l'automne.

Au 30 juin, les liquidités de Bombardier s'élevaient à 3,6 milliards US et sa dette, à plus de 9 milliards US. Pour justifier sa décision de maintenir des perspectives négatives, Moody's a noté l'«endettement très élevé» de l'entreprise et une consommation de liquidités «qui a constamment dépassé [ses] attentes au cours des dernières années».