Le moteur de Pratt&Whitney a rempli ses promesses. Mais c'est surtout la structure même de la CSeries qui a permis à l'appareil d'aller au-delà des performances prévues.

«Nous avons eu des surprises significatives en ce qui concerne la cellule [ensemble des structures de l'aile, des empennages et du fuselage], a déclaré Colin Bole, vice-président principal aux ventes et à la gestion des actifs chez Bombardier Avions commerciaux, au cours d'une rencontre avec des journalistes, hier au Bourget. Et nous avons travaillé avec Pratt&Whitney, qui ne nous a pas laissé tomber.»

Aérodynamisme

C'est notamment l'aérodynamisme du nouvel appareil qui lui permettra d'aller plus loin, ainsi que l'utilisation de matériaux plus légers, comme des matériaux composites.

«C'est une combinaison de plusieurs éléments, a expliqué à La Presse Affaires le président de Bombardier Aérostructures et Services d'ingénierie, Jean Séguin. L'aile a un profil nouveau, nous l'avons dessinée spécifiquement pour un appareil de 130 passagers. Nous avons des ailettes de dernière génération. La façon dont nous avons dessiné l'avion a également permis de réduire le poids des composants.»

Le Salon de l'aéronautique et de l'espace du Bourget s'ouvre officiellement ce matin en banlieue de Paris. Bombardier a toutefois organisé une conférence de presse hier pour présenter la CSeries à la presse internationale.

L'entreprise a profité de l'occasion pour annoncer que les essais en vol montraient que sa nouvelle famille d'appareils dépassait certains de ses objectifs. C'est ainsi que le rayon d'action de la CSeries est près de 12% plus étendu que prévu.

À l'origine, les nouveaux appareils devaient avoir un rayon d'action de 2950 milles nautiques, soit 5464 kilomètres. Les résultats obtenus jusqu'ici dans le cadre du programme d'essais permettent à Bombardier d'annoncer un rayon d'action de 3300 milles nautiques, soit 6112 kilomètres.

Cela confère de nouveaux arguments de vente à M. Bole.

«Cela fait partie des attraits de l'avion», a-t-il déclaré.

Il a noté qu'avec les performances accrues de la CSeries, les transporteurs aériens pourront offrir des liaisons plus éloignées ou pourront choisir de transporter plus de passagers.

«Nous pourrons répondre aux attentes de plus de sociétés aériennes», a déclaré M. Bole, un Américain qui s'exprime dans un excellent français.

Le responsable du programme de la CSeries, Rob Dewar, a indiqué que Bombardier savait depuis un bon moment que les performances seraient meilleures que prévu. L'entreprise a commencé à télégraphier la nouvelle auprès des clients potentiels.

Bombardier donnera davantage de détails techniques en conférence de presse ce matin au Bourget, mais elle a quand même tenu à donner un avant-goût, hier.

C'est ainsi que le président de Bombardier Avions commerciaux, Fred Cromer, a confirmé que la CSeries consommait 20% moins de carburant que les avions en exploitation et 10% moins que les appareils remotorisés. Bombardier avait fait cette promesse en lançant le programme de CSeries. M. Cromer a affirmé que la nouvelle famille d'appareils dépassait légèrement ces objectifs.

La CSeries respecte également ses objectifs en matière de bruit, soit un niveau inférieur aux nouvelles limites de la Federal Aviation Authority (FAA) aux États-Unis.

«Ce sera l'appareil le plus silencieux en exploitation», a soutenu M. Cromer.

La CSeries pourrait jouir d'un autre avantage. Les carnets de commande d'appareils un peu plus gros, l'Airbus A320 et le Boeing 737, sont tellement remplis qu'ils représentent sept ou huit années de production. Un client potentiel impatient pourrait donc se tourner vers la CSeries pour obtenir un appareil un peu plus rapidement.

«Il y a des situations où nous pourrons en bénéficier, mais ce n'est pas notre stratégie, a indiqué M. Bole. Notre stratégie, c'est de faire valoir les caractéristiques mêmes de nos appareils.»

Le nouveau vendeur en chef de la CSeries a reconnu que Bombardier espérait obtenir des commandes de grands clients reconnus.

«Nous allons mettre l'accent sur les grandes sociétés aériennes dans un avenir rapproché», a-t-il précisé.

Des commandes?

Comme les autres dirigeants de Bombardier, il a cherché à réduire les attentes en ce qui concerne l'annonce de grosses commandes au cours du salon.

«Les commandes dont nous discutons actuellement se matérialiseront lorsqu'elles seront mûres», a-t-il déclaré.

Il a toutefois affirmé que les discussions s'étaient accélérées ces derniers temps.

La CSeries effectuera sa première sortie dans le grand monde cette semaine au Bourget. Le plus gros appareil de la famille, le CS300, ouvrira chaque jour la séance de démonstrations en vol. Les clients potentiels pourront visiter le plus petit, le CS100, doté d'un intérieur complet et peint aux couleurs du client de lancement, Swiss.

Par ailleurs, Bombardier a prédit qu'au cours des 20 prochaines années, le marché mondial aura besoin de 7000 nouveaux avions de 100 à 150 places. C'est le segment que vise la CSeries.