Porter Airlines a ajouté la liaison Montréal-Halifax à son arsenal et continue à baser sa stratégie sur les courtes liaisons dans l'est du pays et des États-Unis. Mais, à plus long terme, elle envisage d'élargir le front et d'affronter Air Canada et WestJet avec des liaisons transcontinentales.

Pour ce faire, elle devrait acquérir des appareils de plus grande taille. Jusqu'à maintenant, Porter utilise exclusivement des turbopropulseurs Q400 de Bombardier.

C'est ce que le président et chef de la direction de Porter, Robert Deluce, a indiqué hier au cours d'une conférence organisée à Toronto par la Financière Banque Nationale pour les analystes financiers.

«C'est une future possibilité», a indiqué M. Deluce.

Toutefois, au cours d'une entrevue téléphonique subséquente avec La Presse Affaires, il a soutenu qu'il s'agissait d'une option à très long terme.

«A-t-on pensé à cela? Bien sûr. Est-ce que nous nous attardons là-dessus maintenant? Non. Nous nous concentrons plutôt sur l'aéroport de l'île de Toronto et sur les courtes liaisons.»

Porter a pris son envol en octobre 2006 à ce petit aéroport torontois, qui porte maintenant le nom du célèbre aviateur canadien Billy Bishop.

En 2009, plus d'un million de passagers ont transité par le terminal de Porter à cet aéroport, un nombre qui devrait dépasser 1,3 million en 2010. Porter offre maintenant 46 vols quotidiens dans le triangle Toronto-Ottawa-Montréal ainsi que de nombreuses liaisons vers des villes canadiennes, comme Québec, Halifax et Moncton, et des destinations américaines, comme Chicago, Boston et Myrtle Beach.

La société devrait recevoir en avril le 19e et le 20e appareil Q400 d'une commande initiale de 20 passée auprès de Bombardier. M. Deluce a une fois de plus ouvert la porte à une commande additionnelle.

«Nous avons présenté un plan de cinq ans à notre conseil d'administration, a-t-il déclaré en entrevue. Lorsque nous aurons son approbation, nous allons probablement avoir besoin d'appareils Q400 supplémentaires. Nous aurons une meilleure idée dans les prochains mois.»

Il n'a pas voulu donner de détails sur ce plan, sinon pour indiquer qu'il se concentrera sur Toronto et sur des centres importants de l'est du Canada, comme Ottawa, Montréal et Halifax.

«Il y a probablement des extensions naturelles à effectuer partir de ces villes», a-t-il déclaré.

Il pourrait notamment être question de vols transfrontaliers à partir de ces centres.

«Mais, pour cela, nous avons besoin davantage d'avions.»

Porter a déjà discuté avec Bombardier d'une éventuelle version allongée du Q400, le Q400X. M. Deluce a toutefois affirmé hier qu'il n'en avait pas été question récemment.

«Pour l'instant, le Q400 fait très bien son travail», a-t-il déclaré.

Le grand patron de Porter a indiqué que le transporteur sera prêt à examiner les autres appareils de Bombardier, y compris la CSeries, ainsi que les autres appareils disponibles sur le marché, si jamais il décide d'acquérir des biréacteurs pour desservir des destinations éloignées.

«Mais nous en sommes très loin de là», a-t-il réitéré.

Porter Airlines en a déjà plein les bras avec ses concurrents Air Canada et WestJet sur les destinations qu'il dessert actuellement. Air Canada a notamment engagé un bras de fer juridique avec Porter au sujet de l'accès à l'aéroport Billy Bishop.

M. Deluce a toutefois fait valoir qu'Air Canada avait abandonné elle-même l'aéroport.

«En 2010, Porter transportera 50 fois plus de passagers à Toronto qu'Air Canada ne l'avait fait au cours de sa dernière année en 2005», a-t-il lancé au cours de la conférence.