On attendait l'allemande Siemens, on a beaucoup entendu parler de la chinoise Zhuzhou, c'est finalement l'espagnole Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) qui a été la première à répondre à l'avis public international publié le 22 janvier par la Société de transport de Montréal pour le contrat de remplacement des voitures du métro.

Si CAF se qualifie, la STM lancera un appel d'offres international pour le contrat de 3,4 milliards. Le renouvellement des voitures du métro, qui a initialement été accordé de gré à gré au consortium Bombardier-Alsthom, pourrait être retardé d'un ou deux ans.

D'autres concurrents éventuels ont jusqu'à lundi prochain, 15h pour donner un avis, comme l'a fait CAF hier.

Des dirigeants du fabricant espagnol ont rencontré les médias ce midi. « Ce matin, CAF a remis à la STM un avis d'expression d'intention, a affirmé Jesus Esnaola, directeur général des affaires internationales chez CAF. Nous avons déposé trois volumineux cartables justifiant nos capacités techniques, industrielles et financières. »

Fondée au pays basque, CAF compte environ 5000 employés, dont la moitié à l'extérieur de l'Espagne. Environ 60% de son carnet de commande est à l'étranger. Elle est présente aux États-Unis (Métro de Washington et Pittsburg, tramway à Houston) et en Amérique latine, mais ce serait sa première incursion au Canada.

La société a réalisé trois métros sur pneumatiques ces dernières années, dont celui de Santiago du Chili. Ironiquement, dans ce cas, CAF a devancé Bombardier et Alsthom dans l'appel d'offres. Dans un autre cas, celui du Mexico, Bombardier était partenaire de CAF.

Pour se qualifier, CAF doit répondre à plusieurs conditions : technologie, délais de livraison, capacité financière et contenu canadien. La STM fera l'examen de tous les avis d'intention à partir de lundi.

« Effectivement nous avons reçu une manifestation d'intérêt, dit Odile Paradis, porte-parole de la STM. On va procéder une analyse de ces documents pour vérifier si c'est conforme aux exigences de l'avis public. La STM fait l'appréciation avec l'aide d'experts. S'ils (CAF) se qualifient, on recommence l'appel d'offres, ça peut retarder d'un an ou deux le processus. »

CAF se dit confiante de se qualifier. « Nous pensons que nous sommes capables de faire une offre très compétitive, a dit M. Esnaola. Le produit, nous l'avons et financièrement c'est bon. À notre avis, c'est très clair qu'on se qualifie.»

Sur le plan de l'exigence de contenu local à 60%, y compris l'assemblage final, CAF part de zéro. « Il y a différentes possibilités pour le réaliser, dit M. Esnaola. Nous allons avoir une installation au Québec, c'est clair. Il y a des fournisseurs locaux qui se sont engagés à travailler avec CAF. »

M. Esnaola affirme qu'une situation comparable s'est présentée pour le métro et le train de banlieue de San Paolo, au Brésil. CAF y a construit une nouvelle usine pour répondre aux exigences de contenu local.

CAF n'avait manifesté aucun intérêt pour le métro de Montréal en 2008, quand le contrat de Montréal ne visait que 340 voitures. Comme il vise maintenant 765 voitures avec une option pour 288 additionnelles - 1053 au total - c'est suffisant pour justifier une implantation au Canada, dit M. Esnaola.

Au moment de mettre en ligne, Bombardier n'avait pas rappelé La Presse.