Claude Séguin est pressenti pour être le prochain président du conseil d'administration du Fonds de solidarité FTQ, a appris La Presse. Il succédera à Robert Parizeau, appelé en renfort en 2014 pour réformer sa gouvernance, dans la foulée des révélations de la commission Charbonneau.

Selon nos sources, les administrateurs sont sur le point d'approuver sa nomination.

Le processus « se fait de façon ordonnée ». Le vote entérinera le plan de succession mis en place par Robert Parizeau, 83 ans, frère de l'ancien premier ministre.

L'annonce est prévue lors de l'assemblée annuelle de samedi prochain, à Québec. Le porte-parole du Fonds, Patrick McQuilken, n'a pas commenté l'information.

ÉTATS DE SERVICE

M. Séguin possède de longs états de service.

Jusqu'à tout récemment, il conseillait Serge Godin, fondateur du Groupe CGI. Pendant ses 15 ans chez ce géant en services-conseils informatiques, il était aussi VP principal, développement et investissements stratégiques.

Auparavant, il avait occupé des fonctions importantes chez Téléglobe et à la Caisse de dépôt.

Lors de son passage à la Caisse, M. Séguin avait toutefois commis un impair. L'institution lui a demandé de rembourser à sa filiale SITQ une somme de 2011 $ « pour les services personnels dont il a bénéficié lorsqu'il a fait construire sa maison aux limites de Westmount », pouvait-on lire dans La Presse du 22 octobre 2002.

Le gestionnaire a commencé sa carrière dans la fonction publique québécoise. À la fin des années 80, il a été sous-ministre aux Finances.

Claude Séguin a été nommé au conseil du Fonds de solidarité en avril 2017 comme membre indépendant.

Depuis, il siège à différents comités : audit, gestion des actifs financiers, ressources humaines, investissement (nouvelle économie), gouvernance et éthique.

« Il a beaucoup d'expérience, dit une source proche du dossier. Et il possède un parcours hybride, privé et public, qui rejoint la mission du Fonds de solidarité. »

TRAVERSER LA TEMPÊTE

Pour sa part, Robert Parizeau est arrivé à la rescousse du Fonds il y a plus de quatre ans. À l'époque, la société de capital de développement était en eaux troubles.

Des témoins à la commission Charbonneau avaient mis au jour des liens litigieux entre des partenaires d'affaires. Ils concernaient, notamment, des dirigeants de la FTQ, du Fonds et des entrepreneurs.

Pour traverser la tempête, le Fonds avait congédié son PDG.

Il avait aussi formé un comité spécial de gouvernance, en octobre 2013. Et il s'était adjoint l'aide d'experts, dont M. Parizeau, administrateur au conseil de l'Institut de la gouvernance d'organisations privées et publiques.

Robert Parizeau est un homme d'affaires réputé spécialisé dans le monde de l'assurance.

Il a dirigé Sodarcan, notamment la filiale Dale-Parizeau International. Et il a siégé à plusieurs conseils, dont ceux de Power Corporation et de la Banque Nationale.

PRÉSIDENT DU CONSEIL

De consultant pour le comité de gouvernance, Robert Parizeau est devenu président du conseil du Fonds en mai 2014.

Pour la petite histoire, on raconte qu'un dirigeant a lancé l'idée lors d'une réunion du Fonds. « Ce serait extraordinaire d'avoir quelqu'un comme M. Parizeau comme président du conseil... » On lui a répondu : « Pourquoi on ne lui demande pas ? »

Dans une vidéo portant sur la création du Fonds de solidarité, M. Parizeau raconte le reste de l'histoire.

Robert Paré, le conseiller juridique du Fonds, lui demande s'il accepterait de devenir président du conseil.

Il refuse tout de suite, car il ne connaît pas suffisamment le milieu syndical.

Me Paré lui propose d'y réfléchir. Et de faire quelques consultations.

« J'ai consulté mon frère Jacques, dit-il. Il avait collaboré à la création du Fonds lorsqu'il était ministre des Finances. Alors, il m'a tout de suite dit : vas-y ! »

Robert Parizeau se dit heureux de sa décision. « J'ai découvert un milieu qui a des valeurs, dit-il. Et un milieu de partage et de solidarité. »

Dès le départ, M. Parizeau s'est engagé pleinement. À ses débuts, il était présent quatre jours par semaine.

Ceux qui ont travaillé avec lui reconnaissent qu'il a apporté une vision moderne à la gouvernance du Fonds.

« Il a aidé à réaliser la transition, dit une source bien informée. Il cherche la complémentarité, les points de vue différents et il amène le consensus. Puis il a un attachement profond à Québec inc. » 

Parcours professionnel de Claude Séguin

2003 à 2018 - conseiller du fondateur Serge Godin et VP principal, développement et investissements stratégiques au Groupe CGI

2000 à 2003 - président de CDP Capital-Placements privés, à la Caisse de dépôt et placement

1992 à 2000 - VP exécutif, finances, et chef de la direction financière de Téléglobe

1987 à 1992 - sous-ministre, Finances, pour le gouvernement du Québec

Études : baccalauréat à HEC Montréal, maîtrise et doctorat en administration publique de la Maxwell School of Citizenship and Public Affairs de l'Université de Syracuse, dans l'État de New York. Programme en management de la Harvard Business School.

Photo André Pichette, Archives La Presse

Robert Parizeau