Après plusieurs années de discussions avec des intervenants du milieu financier, le Québec aura finalement un lieu physique officiel de développement pour entreprises spécialisées en technologies financières, ou fintech.

Il sera situé au coeur du centre-ville de Montréal et l'endroit aura sa marque de commerce distinctive afin de créer un sentiment d'appartenance et assurer une reconnaissance instantanée. Le « hub » sera baptisé « Station FinTech ».

Ce pôle d'excellence vise à soutenir les entrepreneurs qui exercent leurs activités dans le secteur fintech ou qui veulent y entrer. La mise en place d'un programme d'incubation et de mentorat a toujours été un objectif poursuivi. Les entreprises qui y seront installées - une trentaine au départ, nous dit-on - pourront profiter d'un « assortiment de services pour favoriser leur croissance ».

Les détails entourant la création de la « Station FinTech » seront précisés ce matin à l'occasion d'un événement organisé à la Place Ville Marie auquel le ministre québécois des Finances, Carlos Leitão, sera présent.

Un investissement de 9 millions de dollars sur cinq ans avait été annoncé en mars dernier par Québec pour appuyer la mise sur pied d'un « hub » fintech, un projet de l'organisme Finance Montréal, dont la mission est notamment de faire de la métropole un pôle financier de calibre mondial.

DONNÉES RÉELLES

Selon nos informations, le modèle d'affaires de la « Station FinTech », la façon dont sera utilisée l'enveloppe de 9 millions et les prochaines étapes du projet sont tous des éléments qui seront discutés ce matin.

Selon le Plan économique du Québec, il est question d'offrir un accès aux données et aux problématiques des institutions financières afin d'aider les sociétés fintech à bien déterminer les enjeux des institutions et tester leurs applications avec des données réelles. Différentes activités et formations sur des sujets d'intérêt pour le milieu seraient aussi organisées à la « Station FinTech ».

L'année dernière, un rapport commandé par Finance Montréal recommandait la mise en place d'un pôle d'excellence qui mettrait l'accent sur les forces distinctives du Québec afin de se différencier des autres centres financiers de la planète.

À titre d'exemples, le rapport suggérait de donner la priorité à l'intelligence artificielle, à la science des données, aux applications mobiles et à l'assurance (assurtech).

Le document soulignait que l'offre actuelle en fintech à Montréal est encore assez limitée. « Elle est principalement orientée vers le B2B [institutions financières et PME] et concentre ses activités dans le paiement et l'investissement. » On peut notamment penser à des entreprises montréalaises comme Lightspeed, Thinking Capital, etc.

La mise en place d'un réseau d'espaces locatifs abordables voués aux fintech et à la collaboration était également proposée dans le rapport.

Le choix de la Place Ville Marie pour annoncer la création de la « Station FinTech » ne semble pas étranger au fait qu'on y retrouve déjà le spécialiste des postes de travail à louer, WeWork, ainsi que le « hub » d'investissement et d'accompagnement, Espace CDPQ.

D'autres « hubs » fintech dans le monde

Il existe plusieurs « hubs » d'innovation en technologies financières bien connus un peu partout dans le monde. À Tel-Aviv, en Israël, The Floor est un endroit qui se présente comme un lieu pour partager des idées dans le secteur fintech. En Asie, le Singapore Fintech Consortium (SFC) est un modèle qui a fortement été suggéré pour inspirer la création de la « Station FinTech » à Montréal. Par l'intermédiaire de sa plateforme d'incubation Fintech, le SFC propose des services d'incubation d'entreprises, de recherche en laboratoire et d'accélérateur d'entreprises, en plus d'offrir des outils d'analyse et des ressources liées au domaine des fintech.

- Richard Dufour, La Presse