La banque d'affaires américaine Goldman Sachs (GS), lestée par des pertes dans son propre portefeuille et une situation économique difficile affectant les activités de ses clients, est tombée dans le rouge mardi, pour la deuxième fois seulement depuis son entrée en Bourse en 1999.

La seule perte enregistrée auparavant par l'établissement, l'un des plus prestigieux de Wall Street, avait eu lieu au plus fort de la crise financière, de septembre à novembre 2008.

Ce trimestre, le chiffre d'affaires de la banque a plongé de 60%, à 3,59 milliards de dollars, ce qui a conduit à une perte de 428 millions de dollars.

Rapporté au nombre d'actions, cela revient à une perte de 84 cents, là où les analystes anticipaient une perte de 15 cents.

«Nous sommes clairement déçus par ces résultats», a souligné le directeur financier du groupe David Viniar pendant une téléconférence avec des analystes, au cours de laquelle il n'a cessé de lier les performances de son établissement à l'environnement global.

«Face à une situation difficile pour l'économie mondiale, la confiance des directeurs d'entreprises et le sentiment des investisseurs restent sous pression», a-t-il souligné.

Des marchés «volatils» et «imprévisibles» rendent difficiles toute nouvelle émission d'actions et les clients de la branche gestion d'actifs de la banque ont fait preuve de «beaucoup moins de conviction» dans leurs décisions d'investissement, a-t-il ajouté.

Les résultats de l'établissement «sont sans conteste faibles», et ce «pour presque toutes les activités», a commenté auprès de l'AFP Michael Wong, analyste à Morningstar.

Les revenus provenant de la banque d'investissement ont baissé de 33% et ceux des services aux clients institutionnels de 13%. La division de gestion d'investissement a de son côté enregistré une diminution de 4% de ses activités.

Et surtout la banque a dû faire face à une dépréciation de ses propres investissements, qui s'est traduite par un chiffre d'affaires négatif de 2,48 milliards de dollars dans cette division. Ses parts dans Industrial and Commercial Bank of China lui ont notamment fait perdre 1,05 milliard de dollars.

Quelques signes positifs ont toutefois émergé.

La banque a tiré plus de recettes de ses activités liées au courtage, a remarqué Michael Wong. La «forte volatilité» sur les marchés implique un plus «fort volume» et donc plus de commissions pour Goldman Sachs.

La banque a aussi racheté 18,1 millions de ses actions pour un total de 2,16 milliards de dollars, un «message fort de gestion du capital», selon les analystes de Crédit Suisse.

«Malgré un trimestre faible et des incertitudes autour du climat macroéconomique et les réglementations», la banque «contrôle ce qu'elle peut dans cet environnement», ont noté les spécialistes de Deutsche Bank. Cela lui permet de conserver une «position solide», des niveaux de capitaux «robustes» et une valorisation «attractive».

Il faut remettre les résultats du trimestre «en perspective», a renchéri Michael Wong. Si Goldman Sachs a bien perdu 428 millions de dollars au cours du trimestre, elle avait engrangé 1,96 milliard de bénéfices au premier semestre.

Le directeur financier de l'établissement s'est d'ailleurs dit «optimiste» pour les résultats à moyen et long terme de l'établissement.

Les investisseurs semblaient entendre ce message puisque l'action prenait 2,72% vers 12h50 à la Bourse de New York, à 99,64$ US.