L'ancien joueur de l'Impact de Montréal Didier Drogba est poursuivi pour 2,2 millions par un jeune entrepreneur québécois, qui l'accuse d'avoir fait échouer le lancement de sa collection de chaussures de sport, pour laquelle l'athlète devait jouer le rôle d'ambassadeur.

Selon la poursuite, déposée la semaine dernière en Cour supérieure à Montréal, l'athlète professionnel avait accepté de s'associer à la marque Jordan Alexander Design (JAD) et devait, grâce à sa notoriété, promouvoir les chaussures de sport haut de gamme mises en marché par la compagnie.

Jordan Alexander Pascal explique avoir créé en 2015 sa ligne de chaussures de luxe, fabriquées en Italie, vendues entre 810 $ et 955 $ la paire.

Didier Drogba aurait accepté en octobre 2016 d'être l'ambassadeur de la marque JAD.

Le détail de l'accord aurait ensuite été discuté avec Michael Sultan, présenté comme un conseiller de Didier Drogba, et un intermédiaire s'occupant des engagements commerciaux du sportif.

Jordan Alexander Pascal explique s'être montré impatient parce qu'il a dû attendre plusieurs mois avant d'avoir une réponse formelle. Mais Drogba et Sultan auraient réitéré plusieurs fois leur intérêt à participer au projet.

« Même si le contrat n'a pas été signé formellement, [Drogba] a explicitement accepté ses termes », par les messages d'approbation transmis à Jordan Alexander Pascal, et par l'accord exprimé par son avocat, indique la poursuite.

L'entrepreneur a d'ailleurs accordé à Didier Drogba 10 % des parts de son entreprise, en mars 2017.

Le joueur de soccer s'est prêté à une séance photo et vidéo en juin 2017 à Phoenix, en Arizona, où il a terminé sa carrière de joueur. L'entrepreneur lui aurait alors remis l'entente et le contrat de transfert des parts, pour signature.

L'entente semble avoir déraillé lorsque la conseillère en relations publiques du joueur, Caroline McAteer, s'est mêlée du dossier, en juillet 2017. Insatisfaite des photos, elle en a exigé de nouvelles, prises à Londres.

Le lancement de la collection de chaussures, qui devait avoir lieu au début de septembre, a été repoussé à novembre 2017. Mais la responsable des relations publiques aurait nui à la couverture médiatique de l'événement, notamment en demandant un droit de regard sur les textes publiés avant d'accepter les demandes d'entrevue des journalistes, ce qui en aurait rebuté plusieurs, allègue la poursuite.

Fonds jamais versés

Les ressources financières de Jordan Alexander Pascal étant presque épuisées, après plusieurs mois d'attente et des ventes décevantes, Didier Drogba aurait accepté d'injecter 200 000 euros (300 000 $) dans l'entreprise, en décembre 2017. Mais les fonds n'auraient jamais été versés.

Lors d'une dernière conversation, en mars 2018, le joueur de soccer aurait répété qu'il allait faire la promotion de la marque. Mais, un mois plus tard, Caroline McAteer a informé l'entrepreneur que l'athlète se retirait de l'affaire.

Jordan Alexander Pascal attribue l'échec du projet au manque d'engagement du joueur professionnel, à son manque de diligence, au non-respect de ses promesses d'injecter des fonds dans l'entreprise et à l'incapacité de son équipe à obtenir la couverture médiatique promise.

M. Pascal a envoyé une réclamation de 500 000 euros (750 000 $) à son ancien partenaire, en compensation pour ses pertes financières et les dommages à sa réputation.

La conduite de Drogba l'a « piégé dans un dédale de promesses brisées et de négligences qui ont épuisé ses finances, détruit sa réputation dans l'industrie de la mode, fait fuir les investisseurs et l'a mené au seuil de la ruine et de la faillite », déplore-t-il dans la poursuite.

Les avocats de Didier Drogba lui ont répondu que l'athlète « avait toujours respecté ses obligations comme si les parties étaient liées par l'accord d'ambassadeur de la marque ».

Le joueur n'a pas répondu à notre demande d'entrevue, transmise par le responsable des relations publiques du Rising de Phoenix, l'équipe de soccer en Arizona dont il est le copropriétaire.