Critiqué pour son silence quasi complet en environnement durant la campagne électorale, le gouvernement Legault a mis une touche de vert dans son premier budget.

Il annonce d'ailleurs une « révision de l'approche en matière de lutte contre les changements climatiques ». Il y a très peu de détails sur cette future « approche bonifiée », sinon que la gestion du controversé Fonds vert sera revue.

Chose certaine, Québec allonge 376 millions pour la prochaine année afin de financer diverses mesures, dont la prolongation des rabais à l'achat de véhicules électriques.

Sur une période de cinq ans, Québec prévoit des dépenses supplémentaires totales d'un peu plus d'un milliard en cinq ans, une « action vigoureuse pour l'environnement », aux yeux du ministre des Finances, Eric Girard. C'est largement insuffisant, de l'avis de Québec solidaire, qui parle même d'une « catastrophe pour le climat ».

« Le Québec répondra à l'urgence climatique et il le fera en s'assurant que les Québécois ne soient pas pénalisés. »

- Eric Girard, ministre des Finances

« Bien au contraire », ce sera l'occasion pour le Québec, selon lui, d'attirer des investissements dans ce secteur et de développer des technologies vertes.

Véhicules électriques

Les nouvelles dépenses servent principalement à prolonger le programme Roulez vert, qui offre des rabais à l'achat de véhicules électriques neufs ou usagés (156 millions pour 2019-2020 et 277,5 millions l'année suivante).

Québec vient également en aide aux entreprises pour les accompagner dans leur transition énergétique à travers divers programmes. On parle de 165 millions de plus cette année - 400 millions en cinq ans. En outre, les grandes entreprises industrielles auront désormais plus facilement accès à l'aide gouvernementale en la matière. Québec veut, par exemple, « permettre la conversion des grands consommateurs industriels de produits pétroliers qui pourraient bénéficier de la logistique à mettre en place pour desservir la Côte-Nord en gaz naturel liquéfié ».

Quant aux centres de tri des matières recyclables, ils seront modernisés, annonce le gouvernement.

Il pige dans le Fonds vert pour financer ses mesures. Sa future « approche bonifiée » en matière environnementale s'attaquera d'ailleurs « à la lourdeur de la gouvernance actuelle en matière de lutte contre les changements climatiques ». Il veut « assurer une mise en oeuvre rapide des initiatives financières par les revenus importants du Fonds vert », qui a fait l'objet de nombreuses critiques.

Dans un rapport récent déposé à l'Assemblée nationale récemment, on apprenait que des surplus de près de 950 millions de dollars dorment dans le Fonds vert plutôt que de servir à réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES). Et jusqu'ici, les sommes dépensées l'ont été en partie dans des mesures inefficaces.

Créé en 2006, le Fonds vert se finance entre autres à même les recettes du marché du carbone - le système de plafonnement et d'échange de droits d'émission de GES. Comme les distributeurs de carburant doivent y contribuer, leur partie de la note est payée à la pompe par les automobilistes.

Avec la « révision de l'approche en matière de changements climatiques », Québec veut « cibler les moyens les plus efficaces » pour lutter contre ce phénomène, tout en prenant « en compte la réalité du Québec, qui affiche le plus faible taux d'émissions de GES au Canada », note le budget.

Transport collectif

Dans le plan québécois sur les infrastructures (PQI) 2019-2029, Québec prévoit des investissements de 9 milliards en 10 ans dans le transport collectif, le même niveau que le plan précédent. Il dit ajouter 1,3 milliard pour ce secteur, si l'on tient compte de sommes qui se trouvent dans une « enveloppe centrale ».

Le gouvernement Legault inscrit ainsi au PQI de nouveaux projets « à l'étude ». Il s'agit de « l'implantation d'un mode de transport collectif structurant » dans trois secteurs : 

- l'axe du prolongement de la ligne jaune du métro à Longueuil ;

- l'est de Montréal ;

- le boulevard Taschereau à Longueuil.

Québec étudie également la création d'un réseau métropolitain de voies réservées pour les autoroutes 13, 20, 25, 440 et 640 ainsi que la route 116.

Le projet de tramway à Québec est à l'étape de la planification, et 1,8 milliard de dollars lui sont réservés. Le prolongement de la ligne bleue du métro de Montréal se trouve à la même étape, mais Québec ne chiffre pas sa contribution financière. Chose certaine, le premier ministre François Legault a réclamé d'Ottawa cette semaine 1,4 milliard pour ce projet dont le coût total était estimé à 3,9 milliards, aux dernières nouvelles.