Le ministre de l'Économie, Pierre Fitzgibbon, n'est nullement étonné du constat d'un groupe de chercheurs des Hautes études commerciales (HEC) selon lequel la productivité stagne au Québec depuis une trentaine d'années et que la province accuse un retard à ce chapitre par rapport aux autres économies occidentales.

Dans un rapport publié lundi, le Centre sur la productivité et la prospérité des HEC Montréal précise qu'au cours des quatre dernières années, la productivité du travail est demeurée au neutre au Québec avec une croissance annuelle moyenne d'à peine 0,1 %.

Le ministre Fitzgibbon ajoute cependant un bémol à cette analyse. « L'investissement per capita au Québec est inférieur, mais il faut faire attention à ces chiffres parce qu'on parle d'investissements en biens durables et le Québec a une économie du savoir », a-t-il précisé lors d'un entretien avec La Presse canadienne.

Malgré tout, il reconnaît que la performance québécoise se doit d'être améliorée.

« Il y a un sous-investissement au Québec depuis au moins une dizaine d'années et ça fait en sorte que les entreprises, dans un contexte de globalisation, ne sont plus aussi performantes qu'elle ne devraient l'être. »

Investir et innover en région d'abord

Ses prescriptions vont d'ailleurs exactement dans le même sens que celles des chercheurs, qui privilégient trois axes d'intervention pour accroître la productivité du Québec et en améliorer la performance : investir en éducation, stimuler l'investissement privé et favoriser l'innovation.

Dans les deux derniers cas - investir et innover - M. Fitzgibbon répète que son gouvernement est à redéfinir la mission d'Investissement Québec, notamment pour « permettre aux PME du Québec d'avoir accès à des capitaux pour pouvoir accélérer l'investissement en manufacturier et en numérisation ».

Car le problème affecte surtout les PME, ce qui veut dire que les solutions devront passer par les régions.

« L'écosystème du Québec, ce sont des PME, beaucoup en région. Et je pense qu'on a délaissé nos régions depuis des années. Montréal est le poumon du Québec, mais la santé de Montréal va avoir un effet, une corrélation sur la santé de nos régions, mais [...] le coeur des PME, ce n'est pas à Montréal et ces gens-là ont besoin de programmes », a-t-il affirmé.

Amener l'éducation en région ?

Le rapport des HEC déplore que le Québec soit depuis longtemps au bas du classement national au chapitre des dépenses publiques en éducation. La croissance de ces dépenses réelles depuis 10 ans ne s'est élevée que de 9 %.

« Il faut investir en région et ça commence par l'éducation », lance M. Fitzgibbon en cours d'entrevue sans qu'il n'ait été nécessaire de le questionner sur cet enjeu précis.

« Il va falloir penser à la formation technique en région. La métallurgie du fer, par exemple, c'est la Côte-Nord, ce n'est pas à Montréal. Les centres de formation technique des cégeps, je pense qu'il faut commencer à donner aux régions. Ça va peut-être prendre 10 ans, mais il faut le faire, il faut y aller », martèle le ministre, qui souhaite également un meilleur arrimage entre l'éducation, la formation et les besoins en entreprise, un discours que les milieux d'affaires tiennent depuis des décennies, mais qui soulève toujours certaines réticences dans le milieu de l'éducation.

Les Québécois disposent de moins d'argent pour consommer et épargner que les résidants des autres provinces. Avec un revenu disponible moyen de 28 455 $ par habitant en 2017, le Québec est en queue de peloton alors qu'il y a 20 ans, il se comparait avantageusement à la moyenne canadienne.

En matière de recherche et de développement, l'investissement privé non résidentiel s'est chiffré à 8212 $ par emploi en 2017, ce qui fait en sorte que le Québec fait plutôt piètre figure face aux 20 pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) avec lesquels on le compare année après année.