Les amateurs québécois de cannabis n'auront pas eu droit à un miracle de Noël. Les pénuries se poursuivent dans les succursales de la Société québécoise du cannabis (SQDC) dans les premiers jours de 2019 et l'agence gouvernementale n'est pas en mesure de dire quand la situation sera rétablie.

Jeudi à la succursale de Lebourgneuf, en banlieue de Québec, les rayons étaient aux trois quarts vides. Les clients étaient nombreux, mais la sélection limitée. Le jeudi est la journée privilégiée des connaisseurs, puisque c'est celle où les rayons sont habituellement les mieux garnis.

« Mais là, disons que c'est pas le Pérou du weed ! », se lamentait Fred Gaudreault, rencontré à la sortie de la boutique. Le client s'est dit déçu de ce « jeudredi » plutôt maigre pour entamer 2019.

La SQDC avait initialement ouvert ses 12 succursales sept jours sur sept lors de la légalisation, le 17 octobre dernier. Dix jours plus tard, elle annonçait devoir réduire ses heures d'ouverture en raison de problèmes d'approvisionnement.

Certaines succursales de la SQDC s'étaient en effet retrouvées quasiment vides de cannabis, et plusieurs conseillers avaient déploré devoir subir les récriminations de clients qui faisaient la file pour finalement se faire offrir une poignée de produits, plutôt que les dizaines promis.

Résultat ? Les succursales de la Société québécoise du cannabis sont maintenant ouvertes du jeudi au dimanche. Puisque les étagères sont regarnies du lundi au mercredi, le jeudi est la journée privilégiée par ceux qui veulent un maximum de choix.

Sauf que ce jeudi à la succursale de Lebourgneuf, la grande majorité des étagères étaient vides. Et les produits à base de CBD, qui se sont révélés particulièrement populaires, étaient entièrement épuisés, hormis une huile vendue 92 $ pour 15 ml.

« Le CBD en fleurs séchées, c'est tout parti, les capsules aussi, tout, tout, tout... Ça fait quand même de deux à trois semaines qu'on n'a pas reçu de CBD. »

- Une conseillère de la SQDC

Cette situation n'était pas propre à Québec : à Montréal, des files ont été aperçues cette semaine devant certaines succursales. Les pénuries se constatent aussi sur le site internet de la SQDC. Vendredi, sur 47 types de cannabis séché offerts en ligne, 38 faisaient défaut.

À Lebourgneuf, la conseillère a expliqué que l'approvisionnement avait cessé durant le temps des Fêtes. « Jeudi prochain devrait être un meilleur jour, parce que les commandes vont recommencer à rentrer les lundis, mardis, mercredis, ce qui ne s'est pas fait durant le temps des Fêtes », a-t-elle expliqué.

Pas de « projection » à la SQDC

Presque trois mois après l'ouverture, est-il normal qu'autant de rayons soient vides en magasin ? La SQDC pense-t-elle pouvoir rétablir la situation en 2019 ? Un porte-parole n'a pas souhaité faire « de bilan ou de projection », vendredi.

« Pour l'approvisionnement, nous suivons la situation de près avec nos fournisseurs qui sont à pied d'oeuvre pour répondre à la demande de la SQDC. »

- Fabrice Giguère, porte-parole de la SQDC

Les succursales vont continuer de n'ouvrir que quatre jours par semaine, « jusqu'à ce que la SQDC juge que l'approvisionnement est suffisant pour offrir un service de qualité sept jours sur sept », ajoute M. Giguère.

Les clients déplorent le manque de produits depuis l'ouverture des succursales de la SQDC. Dans son premier mois d'activité, la SQDC a reçu 58 plaintes de clients concernant la disponibilité des produits, d'après des chiffres obtenus grâce à une demande d'accès à l'information.

Cette situation n'est pas propre au Québec : des pénuries de cannabis sont constatées dans d'autres provinces, notamment en Ontario.

Lors d'une entrevue de fin d'année avec La Presse canadienne, le premier ministre Justin Trudeau avait admis que la pénurie était le plus important défi associé à la légalisation.

- Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse