Le Québec a progressé au chapitre du bien-être de sa population depuis la récession de 2009, observe Desjardins, qui vient de faire paraître une étude économique sur la question.

Partant du constat que le produit intérieur brut (PIB) est une mesure imparfaite du bien-être d'une société, les économistes du mouvement coopératif ont analysé une série d'indicateurs ayant pour objectif de s'intéresser à la fois à l'humain et à la production économique. Réunis, ces indicateurs donnent une appréciation plus juste des progrès réalisés à ce chapitre par la société québécoise.

« L'économie ne définit pas tout. D'autres dimensions sont importantes : la santé, le développement durable ou la répartition de la richesse », a souligné hier Guy Cormier, grand patron du mouvement, dans une allocution devant la Chambre de commerce de l'est de Montréal. Sa présence à la tribune marquait le déménagement de 1200 employés de Desjardins dans le secteur.

Desjardins a étudié 23 indicateurs regroupés dans trois catégories : qualité de vie, niveau de vie et durabilité.

Le portrait global est bigarré, conclut Desjardins. Si le PIB a augmenté au Québec de façon modeste de 2009 à 2014, puis plus solidement depuis 2015, les indicateurs de bien-être, eux, évoluent dans toutes les directions.

En fait, 15 indicateurs connaissent une trajectoire positive, 7 évoluent négativement et un indicateur reste stable.

« Bien que toutes les données observées n'affichent pas une tendance positive sur la période de temps considérée, il y a peu d'indicateurs qui ont un parcours négatif continu de 2009 à 2017, lit-on dans l'étude dirigée par François Dupuis, économiste en chef de l'institution. On note des avancées et des reculs en alternance. »

Des gains ont été réalisés sur la présence accrue des emplois de qualité dans l'économie. Un emploi de qualité exige des qualifications élevées et commande un salaire horaire de 15 $ ou plus. Autre signe encourageant, la diplomation postsecondaire parmi les 25 ans et plus est à la hausse.

Toutefois, les indicateurs portant sur la santé, la congestion routière, les dépenses en R-D, de même que l'effectif affecté en R-D se sont détériorés. Les investissements privés non résidentiels sont aussi en diminution.

« Il faut admettre que le Québec a perdu du terrain et que cette diminution des investissements privés préoccupe dans la mesure où l'on sait déjà que l'économie québécoise n'est pas un champion de la compétitivité », souligne le document de 14 pages.

L'ÉCART AVEC L'ONTARIO

L'étude a le mérite de comparer la performance du Québec avec l'Ontario en fonction de 12 indicateurs. La province voisine fait mieux pour le nombre d'heures travaillées, le taux de décrochage, le pourcentage des personnes à faible revenu et les étudiants postsecondaires inscrits en sciences, génie et mathématiques.

« L'écart avec l'Ontario est important et il s'est accru au cours des dernières années, note Desjardins à propos de ce dernier indicateur. Pour le Québec, le bilan est positif, toutefois l'accroissement du retard par rapport à l'Ontario modère l'enthousiasme. »

Pour sa part, le Québec est le champion de la répartition des revenus, du pourcentage de sa population de diplômés postsecondaires et du taux d'épargne.

L'institution financière se promet de suivre l'évolution des indicateurs à l'avenir. « Les périodes de restrictions budgétaires ont pris fin et on sent déjà les effets des investissements gouvernementaux dans l'économie. Il sera intéressant de voir dans quelle mesure ils contribueront à l'amélioration du bien-être de la population », se demande Desjardins.