La direction d'Olymel a fait savoir, lundi, qu'elle n'interjettera pas appel de la décision de la Cour supérieure dans un dossier qui l'oppose à la CSN concernant la fermeture de son usine de Saint-Simon en 2007.

La Cour supérieure avait rendu une décision, le 31 juillet dernier, dans laquelle elle avait rejeté la requête d'Olymel qui tentait de faire renverser une décision d'un arbitre du travail concernant la fermeture de son usine d'abattage de Saint-Simon, en avril 2007. Plus de 400 travailleurs avaient alors perdu leur emploi.

La CSN, qui représentait les employés visés, a toujours soutenu que cette fermeture contrevenait à la convention collective alors en vigueur, puisqu'une lettre annexée à cette convention stipulait que la production devait être maintenue dans cette usine pendant la durée de la convention collective, soit jusqu'en octobre 2007.

Or, confrontée à un marché difficile dans l'industrie du porc, Olymel avait décidé de fermer son complexe d'usines d'abattage et de découpe de porcs à Saint-Valérien et Saint-Simon quelques mois avant la fin de cette convention collective.

La CSN s'était donc adressée à un arbitre et avait eu gain de cause. L'arbitre avait été catégorique: «j'ordonne à l'employeur de payer à ses salariés de Saint-Simon affectés par la fermeture illégale de l'établissement [...] un montant équivalent aux salaires et avantages perdus dans la convention collective et auxquels ils auraient eu droit, n'eût été de la fermeture hâtive et illégale de leur usine», avait-il écrit.

La CSN avait alors estimé que les salaires et sommes dus aux 406 employés pour la période d'avril à octobre 2007 atteignaient 14 millions de dollars.

Au cours d'une entrevue lundi, le porte-parole d'Olymel, Richard Vigneault, a affirmé que cette somme n'était pas basée sur des évaluations strictes et précises. L'entreprise veut donc s'asseoir avec le syndicat et discuter de la question des compensations financières à être versées.

«Olymel a décidé qu'elle n'avait pas l'intention d'en appeler. Elle en a informé le syndicat et elle a informé le syndicat, aussi, de son intention de s'asseoir pour discuter du quantum des compensations financières, qui devraient s'étendre sur une période bien précise, qui va du mois d'avril au mois d'octobre 2007, pour trouver un règlement final à ce dossier», a commenté M. Vigneault.

Selon lui, «la somme de 14 millions ne peut pas être la base des discussions». Il rappelle - ce que concède le syndicat - qu'il faudra en déduire divers montants, comme les prestations d'assurance-emploi qui ont été versées, le salaire touché par les employés qui avaient trouvé un autre emploi, les sommes versées en cas de maladie, par exemple, ou celles versées par la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST).

«On va s'asseoir et discuter avec les vis-à-vis syndicaux sur d'autres bases que celle-là [la somme de 14 millions]», a ajouté M. Vigneault.

Du côté syndical, on se réjouissait de la décision d'Olymel, tout en notant que cela a exigé huit années de batailles devant le tribunal et en arbitrage.

«C'est une bonne nouvelle pour débuter la semaine de savoir qu'après huit ans et demi, on puisse finalement aboutir à une négociation ou, du moins, essayer d'établir le quantum sur une compensation pour les salaires perdus des travailleurs. C'est très bien reçu. On est très content pour les travailleurs de savoir qu'Olymel a décidé de s'asseoir à la table pour éventuellement négocier», a commenté en entrevue Michel Daigle, président du Syndicat des travailleurs d'Olympia.

M. Daigle espère parvenir à s'entendre avec la direction d'Olymel «dans les deux, trois prochains mois» quant à une éventuelle compensation financière. Mais «c'est difficile à dire», s'empresse-t-il d'ajouter.

Le montant de cette éventuelle compensation variera d'ailleurs selon l'employé, puisqu'il faudra tenir compte de la situation de chacun. Certains sont d'ailleurs décédés depuis 2007.

Une assemblée générale des membres sera éventuellement tenue, lorsque les négociations avec Olymel auront porté fruit, afin de donner davantage d'explications aux travailleurs, a précisé M. Daigle.