Le géant américain Netflix a engagé le Québécois Stéphane Cardin, numéro deux du Fonds des médias du Canada, pour diriger ses affaires réglementaires et ses relations avec l'industrie au Canada, a appris La Presse.

M. Cardin devient ainsi le premier employé de Netflix au Canada et sera installé à Montréal. Son mandat de directeur des politiques publiques pour le Canada commencera à la mi-septembre. « Stéphane apportera une vaste expérience et de grandes connaissances à l'équipe des politiques de Netflix alors que nous continuons d'investir dans les talents de création et de production de classe mondiale au Canada », a indiqué Netflix dans une déclaration écrite à La Presse. Son mandat ne touchera pas aux opérations de la nouvelle entreprise de production canadienne de Netflix. N'ayant pas commencé son mandat chez Netflix, M. Cardin n'était pas disponible hier pour une entrevue.

Depuis 2006, M. Cardin était vice-président des affaires publiques et des relations avec l'industrie du Fonds des médias du Canada, un fonds de production télé de 342 millions par an financé à la fois par le gouvernement du Canada et les distributeurs télé (ex. : Vidéotron, Bell, Cogeco).

Stéphane Cardin a aussi une connaissance pointue du milieu culturel québécois. Avant son passage au Fonds des médias du Canada à Montréal, il était directeur général de l'aide fiscale (crédits d'impôt) aux entreprises culturelles de la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC).

CONTROVERSES

Son embauche survient alors que de plus en plus d'intervenants du milieu culturel demandent à Netflix de contribuer financièrement à la production canadienne. En juin dernier, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) a recommandé au gouvernement Trudeau de réglementer Netflix et les autres médias numériques, notamment pour les forcer à financer du contenu canadien. 

Il y a un an, Netflix s'est engagé avec Ottawa à dépenser 500 millions sur cinq ans en contenu canadien. Cette entente ne prévoit pas de quota pour la production francophone (il y a 25 millions supplémentaires pour développer des projets au Québec).

Autre enjeu de politiques publiques pour Netflix : la perception des taxes à la consommation. Ottawa ne force pas Netflix à percevoir la TPS sur ses abonnements canadiens. Ottawa et les provinces se priveraient ainsi d'environ 100 millions par an, selon la fiscaliste Marwah Rizqy. En mars dernier, le Québec a décidé de forcer Netflix à percevoir la TVQ sur ses abonnements au Québec. Netflix a indiqué son intention de se conformer aux lois fiscales québécoises, conformément à sa politique partout dans le monde.

Stéphane Cardin relèvera de l'équipe mondiale de relations gouvernementales de Netflix, à Washington. Au Canada, Netflix compte aussi sur les services de la firme de lobbying Proof Stratégies.