En faisant la promotion des jouets offerts avec ses Joyeux festins, McDonald's fait-elle de la publicité destinée aux enfants, en contravention avec la loi québécoise ?

C'est la question posée dans une demande d'action collective contre le géant de la restauration rapide, qui était entendue hier au palais de justice de Montréal.

Les vitrines montrant les jouets offerts avec les menus pour enfants sont placées près des comptoirs, à la hauteur des petits, et visent clairement à les inciter à demander des Joyeux festins à leurs parents, allèguent les plaignants.

La pression est exacerbée par le fait que les jouets sont souvent liés à des films pour enfants récents ou à des marques connues.

« Les Joyeux festins ont été développés pour faire beaucoup d'argent et attirer les enfants au McDonald's », a lancé l'avocat des plaignants, Me Joey Zukran.

Sa requête demande que la chaîne multinationale verse des dommages et intérêts aux clients ayant acheté ces produits et qu'elle cesse d'offrir des jouets avec la nourriture, puisque la Loi sur la protection du consommateur du Québec interdit la publicité destinée aux jeunes de moins de 13 ans.

Le représentant des consommateurs dans cette cause, Antonio Bramante, « n'aurait jamais dépensé des centaines de dollars pour des Joyeux festins ou des jouets, si McDonald's n'avait pas fait de publicité illégale ciblant ses enfants », indique la requête.

RIEN D'ILLÉGAL, SELON McDONALD'S

Les avocats de McDonald's soutiennent de leur côté que la chaîne de restauration respecte la loi québécoise et demandent au juge Pierre-C. Gagnon, qui entendait la requête, de ne pas autoriser l'action collective.

La loi prévoit des exceptions, notamment pour les vitrines, étalages et contenants, a rappelé Me Douglas Mitchell, qui représente la multinationale. Même pour ces exceptions, la publicité ne doit jamais inciter directement un enfant à faire un achat ni l'encourager à demander à une autre personne d'acheter un bien ou un service.

Mais le simple fait de montrer des jouets dans un présentoir ne peut pas être considéré comme une « incitation directe » à l'achat, soutient Me Mitchell. « Ce n'est pas illégal de vendre des Joyeux festins, ni d'en faire la publicité », affirme l'avocat.

OTTAWA CONTRE LA MALBOUFFE

La Coalition poids, qui travaille à la prévention de l'obésité, suit la cause de près. Sa directrice, Corinne Voyer, souligne que l'organisme a déposé plusieurs plaintes contre McDonald's concernant le marketing de ses repas pour enfants.

Pas plus tard que la semaine dernière, on a dénoncé le fait que des jouets offerts aux enfants étaient décorés du logo de McDonald's et d'images de Joyeux festins.

Mme Voyer rappelle que Burger King a déjà été reconnue coupable d'infractions à la loi après avoir fait des publicités pour des figurines offertes avec des repas sur des écrans dans ses restaurants. L'organisme attend que l'Office de la protection du consommateur statue sur plusieurs plaintes déposées au cours des dernières années.

« On voit souvent l'utilisation de jouets pour vendre de la bouffe, et comme le marketing de l'alimentation auprès des enfants influence grandement les comportements des parents, nous avons hâte de connaître la décision du juge pour savoir à quoi nous en tenir », souligne Corinne Voyer.

La Chambre des communes se penche sur un projet de loi visant à restreindre la publicité de nourriture et de boissons destinées aux enfants, afin d'éviter que les jeunes soient ciblés par le marketing de la malbouffe, note-t-elle, ce qui pourrait restreindre encore plus sévèrement les actions des chaînes de restauration rapide.

Le juge Pierre-C. Gagnon fera savoir au cours des prochains mois s'il autorise l'action collective contre McDonald's.