Les milieux d'affaires britanniques se préparaient avec anxiété mardi à un vote crucial sur le Brexit au Parlement britannique qui pourrait ouvrir une nouvelle période d'incertitude économique et créer des soubresauts sur les marchés.

La principale organisation patronale britannique, la CBI, a évoqué sur la BBC une situation d'« urgence nationale » en cas d'échec de la première ministre Theresa May, par la voix de son président John Allan.

Mme May devrait avoir le plus grand mal à faire valider par les députés l'accord arraché de haute lutte à Bruxelles sur les conditions de la sortie britannique de l'UE.

Le vote se déroulera à partir de 19 h GMT (14 h à Montréal) et une défaite est largement anticipée par les milieux financiers, ce qui serait de nature à entretenir le flou sur les modalités du Brexit.

Selon M. Allan, la « grande majorité » des entreprises espèrent que l'accord passera l'épreuve du Parlement, ce qu'il juge toutefois « extrêmement improbable ».

Il s'inquiète surtout de la possibilité d'un Brexit sans accord, qui causerait « un dommage irréparable pour l'économie britannique », tant sur l'investissement que sur l'emploi, alors que de nombreux géants industriels ont promis de revoir leurs ambitions britanniques à la baisse en cas de rétablissement des contrôles douaniers avec l'UE.

Les conséquences seraient particulièrement néfastes pour le secteur automobile, ont rappelé mardi les professionnels de ce secteur très pugnaces à propos du Brexit.  

« Nous demandons aux parlementaires de se rappeler que repose entre leurs mains l'avenir de l'industrie automobile et des milliers d'emplois qu'elle fait vivre », selon Mike Hawes, directeur général de l'Association des constructeurs et des vendeurs automobiles (SMMT).

La fébrilité était également palpable dans les milieux financiers qui se préparent à une nuit de tous les dangers, prêts à faire face à une forte volatilité des actifs britanniques, livre sterling en tête.

Sueurs froides

Les salles des marchés des grandes banques et des sociétés de courtage devaient être animées jusqu'à très tard, la plupart d'entre elles ayant mobilisé davantage de personnel afin de répondre aux sollicitations de clients qui risquent des sueurs froides.

De son côté, la plateforme de transfert d'argent TransferWise limite pour 24 heures à 10 000 livres les ordres en livres, contre un million de livres en temps normal.

Pour l'heure, la livre restait stable face au dollar et à l'euro à la mi-journée, les opérateurs refusant de prendre des positions tranchées avant le vote.

La devise, qui constitue un véritable baromètre de l'humeur des marchés sur le Brexit, pourrait accuser le coup en cas de toute nouvelle alimentant les risques d'une sortie sans accord et de ses conséquences néfastes attendues sur l'économie.

Le marché boursier londonien, qui sera fermé dans la soirée au moment du vote, ne devrait pas être épargné dès l'ouverture mercredi à 8h GMT. Les nombreuses valeurs dépendantes de l'économie britannique, comme les banques, le BTP ou l'aérien, seront scrutées et pourraient être sous pression.

Ces titres souffrent déjà d'un ralentissement de la croissance au Royaume-Uni du fait de l'impact de l'incertitude du Brexit sur l'investissement des entreprises et les dépenses des ménages.

« La question est de savoir si le désordre qui s'annonce est totalement intégré », souligne Neil Wilson, analyste chez markets.com. Il juge toutefois « peu probable » que les marchés aient déjà anticipé tous les scénarios, ce qui peut laisser présager de gros mouvements.  

Encore marqués par le résultat inattendu du référendum de juin 2016, la grande majorité des analystes se gardent de tout pronostic sur la forme que prendra le Brexit, prévu fin mars 2019, et sont donc incapables de prévoir ce qui adviendra mercredi sur les marchés.  

« Les marchés et l'incertitude politique ne font pas bon ménage et c'est une période qui n'est pas confortable pour les investisseurs », résume Laith Khalaf, analyste chez Hargreaves Lansdown.