Le gouvernement vénézuélien a pris jeudi le contrôle, officiellement à titre provisoire, de Banesco, la principale banque privée du pays, et a arrêté son président ainsi que dix autres cadres, accusés de complicité dans des opérations spéculatives contre la monnaie locale.

Après l'arrestation de Oscar Doval, président exécutif de la banque, le gouvernement a décidé de prendre le contrôle, pour une durée de 90 jours, de la banque, présente notamment aux États-Unis, en Espagne, au Panama et en République dominicaine.

« Nous espérons reconduire l'administration de la banque, en l'assainissant et en la privant de toute activité illicite », a déclaré la vice-présidence responsable de l'Économie dans un communiqué.

Selon le gouvernement, qui a nommé un nouveau conseil d'administration, la banque a commis « des manquements graves et notoires à ses obligations de prévention du blanchiment de capitaux ».

M. Doval a été arrêté après avoir été interrogé mercredi par la Direction des services secrets militaires. Outre le président, quatre vice-présidents, un directeur, deux gérants, un consultant juridique et deux autres cadres ont été arrêtés, a précisé le procureur général Tarek William Saab devant à la presse.

Selon M. Saab, les cadres arrêtés sont soupçonnés d'avoir facilité ou couvert « des attaques » contre le bolivar à travers la sortie de papier-monnaie vers l'étranger et la spéculation sur le prix du dollar au marché noir.

« L'objectif final (de ces actions) était de détruire la monnaie vénézuélienne », a assuré M. Saab.

En voyage au Portugal, le président du groupe financier Banesco International, Juan Carlos Escotet, a déclaré jeudi qu'il retournera dans les prochaines heures au Venezuela pour « secourir » ses collègues dans ce « moment injuste et difficile ».

M. Escotet a déclaré que l'affaire avait été traitée de manière « disproportionnée » et a promis de renforcer les contrôles afin d'empêcher tout acte illicite, dans le pays ravagé par une hyperinflation de plus de 13 800%, selon le chiffre du FMI.

Ces arrestations font partie de l'opération lancée mi-avril par les autorités contre des présumées « mafias » altérant le marché des changes, avec déjà 134 arrestations et 1380 comptes gelés, dont 1000 de Banesco.

Le gouvernement du président socialiste Nicolas Maduro assure que ces « mafias » sont responsables de l'effondrement du bolivar, en fixant des taux pour le dollar au marché noir multipliant jusqu'à 12 fois la cotation officielle.

Ce marché parallèle est devenu omniprésent au Venezuela depuis l'instauration en 2003 par les autorités d'un strict contrôle des changes, permettant à l'État de monopoliser les devises, les rendant de facto introuvables dans les bureaux de change officiels.

Face à la chute des recettes pétrolières, le gouvernement a pratiquement gelé la remise de dollars au secteur privé, qui doit se fournir sur le marché noir pour importer des produits et matières premières, alimentant ainsi une hausse incontrôlable du coût de la vie.