Le Partenariat transpacifique ne verra jamais le jour sans la signature des États-Unis, mais le gouvernement libéral poursuit malgré tout ses consultations sur l'entente commerciale.

C'est ce qu'a signalé mardi la ministre du Commerce international, Chrystia Freeland, au lendemain de la confirmation par le président désigné Donald Trump que les Américains diraient non au traité.

«Je pense que c'est important pour le Canada d'avoir une position indépendante sur tous les enjeux, incluant le PTP. Nous avons notre processus, et nous allons continuer avec notre processus indépendant», a-t-elle déclaré à la sortie de la rencontre hebdomadaire du cabinet.

Le gouvernement continuera donc à consacrer argent et énergie à consulter même si, en l'absence d'une ratification des États-Unis, le Partenariat transpacifique ne pourra aller de l'avant, selon ce qu'a elle-même rappelé la ministre.

«Il est bien connu (...) que l'Accord du PTP est structuré de manière à ce qu'il puisse entrer en vigueur seulement après la ratification des États-Unis. Même si les 11 autres pays qui ont signé l'accord le ratifient, il ne peut pas entrer en vigueur», a indiqué Mme Freeland.

L'entente doit être ratifiée par six pays représentant 85 % de l'économie du PTP, ce qui fait que, mathématiquement parlant, elle ne peut entrer en vigueur sans l'aval du Japon et des États-Unis, selon ce qu'a précisé le bureau de la ministre.

Dans une courte vidéo diffusée lundi sur internet, M. Trump a promis de retirer son pays de l'entente commerciale dès son arrivée en poste. Il a présenté le PTP comme un «désastre potentiel», disant avoir l'intention de le remplacer par des traités commerciaux bilatéraux.

Cette gigantesque entente commerciale a été conclue en 2015 sous l'ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Le PTP a ensuite été signé par la ministre Freeland en février 2016 à Auckland, en Nouvelle-Zélande, ce qui a été présenté comme une «étape technique» n'empêchant pas la tenue de consultations auprès des Canadiens.

L'entente commerciale mènerait à la création de la plus grande zone de libre-échange au monde entre 12 nations représentant 40 % du produit intérieur brut mondial et 800 millions de personnes.

En plus du Canada et des États-Unis, le traité réunit l'Australie, Brunei, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour et le Vietnam.

Le PTP sans les États-Unis n'aurait «pas de sens», selon Shinzo Abe

Le premier ministre japonais Shinzo Abe a déclaré que la poursuite de l'accord de libre-échange transpacifique (PTP), dont le président américain élu Donald Trump a promis de retirer les Etats-Unis, était impensable sans la participation de Washington.

«Le PTP sans les États-Unis n'aurait pas de sens», a déclaré M. Abe lors d'une conférence de presse en marge d'une visite d'État lundi à Buenos Aires.

Selon lui, la douzaine de pays impliqués dans ce traité commercial n'ont pas discuté de la possibilité que les Américains fassent faux bond après en avoir été les plus ardents promoteurs sous la présidence de Barack Obama.

«Il est impossible de renégocier le PTP et, le cas échéant, cela déstabiliserait l'équilibre fondamental des intérêts», a ajouté M. Abe.

Ces propos ne sont pas intervenus en réponse directe aux déclarations de Donald Trump dans une vidéo mise en ligne lundi par son équipe, mais ils trouvent de ce fait une résonance  particulière.

Le président élu américain a en effet annoncé que, le premier jour de sa présidence, il engagerait le retrait des Etats-Unis du PTP, signé en 2015 par 12 pays de la région à l'exclusion de la Chine.

Ce partenariat commercial est «un désastre potentiel pour notre pays», a expliqué M. Trump, qui entrera à la Maison-Blanche le 20 janvier. Dans la même vidéo, il détaille les mesures qu'il prendra dès sa prise de fonctions. «A la place (du PTP), nous négocierons des traités commerciaux bilatéraux et justes qui ramèneront les emplois et l'industrie sur le sol américain», a-t-il dit.

«Le fait que Trump fasse du retrait du PTP sa première priorité démontre sa forte détermination à enterrer ce traité», a commenté pour l'AFP Matthias Helble, économiste au sein de l'Asian Development Bank Institute à Tokyo. «L'offensive de charme d'Abe, premier dirigeant étranger à rencontrer le milliardaire la semaine dernière, a échoué».

- AFP