Alors qu'on prévoit que l'Inde sera le pays le plus populeux de la planète en 2050, avec 1,66 milliard d'habitants, le Canada néglige l'immense potentiel commercial du pays de Gandhi, Bouddha, Mittal et Tata. C'est ce que révèle une nouvelle étude de l'Institut de la recherche en politiques publiques.

Le bon moment

Le Canada néglige l'Inde. Et vice-versa.

Bien que leurs échanges commerciaux se soient accrus depuis deux décennies, ils demeurent nettement insuffisants, estiment Someshwar Rao et Stephen Tapp, auteurs de l'étude The Potential to Grow Canada-India Economic Linkages.

Mais le moment est favorable à un sursaut d'enthousiasme canadien.

Le nouveau gouvernement majoritaire indien élu en 2014 veut développer le commerce international. Le premier ministre indien Narendra Modi a visité le Canada et rencontré Stephen Harper en avril dernier - la première visite d'un premier ministre indien en plus de 40 ans.

Ils ont convenu de conclure d'ici la fin de 2015 un accord de partenariat économique global (APEG), dont les négociations traînent en longueur et en langueur depuis 2010.

Exportations canadiennes de marchandises

• Part de l'Inde: 0,6%

• Rang de l'Inde: 12e

Exportations canadiennes de services

• Part de l'Inde: 0,7%

• Rang de l'Inde: 18e

Potentiel

L'Inde affiche un potentiel de croissance considérable largement fondé sur sa démographie vigoureuse.

L'OCDE prévoit que son produit intérieur brut augmentera plus que partout ailleurs au cours des prochaines décennies.

Sa population, qui se chiffre déjà à 1,2 milliard d'habitants, devrait atteindre 1,66 milliard en 2050.

Elle constitue un immense marché intérieur, en croissance soutenue - depuis 20 ans, elle s'est accrue de 36%, contre 22% au Canada.

Il est vrai qu'à peine 32% de sa population est urbaine, comparativement à 81% au Canada. Mais même ses faiblesses laissent entrevoir un formidable potentiel d'urbanisation, d'industrialisation, d'amélioration de la productivité et des conditions de vie.

Participation des femmes au marché du travail

• Canada: 75%

• Inde: 29%

Productivité (produit intérieur brut par travailleur, parité de pouvoir d'achat en dollars, 2012)

• Inde: 9,20

• Canada: 50,125

L'impact

Les secteurs d'activité qui pourraient le mieux tirer profit d'un APEG sont ceux qui montrent déjà des avantages concurrentiels à l'échelle mondiale.

Les secteurs des services et de l'investissement, où les échanges indo-canadiens restent limités et les barrières au commerce nombreuses, seraient particulièrement favorisés.

Les secteurs gagnants

• Services: services bancaires, assurances, télécommunications, santé, génie, éducation, tourisme

• Biens: ressources naturelles et industries connexes (agriculture, énergie, engrais, pierres précieuses), transport (automobiles et pièces).

Les secteurs mis au défi

• Services aux entreprises: informatique, logiciels, centres d'appels, impartition...

• Secteur manufacturier avec forte main-d'oeuvre et faibles salaires: textile, confection, produits chimiques...

Mais...

Someshwar Rao et Stephen Tapp mettent toutefois les acteurs en garde contre un optimisme béat. Le potentiel indien ne se réalisera pleinement que si le pays réussit à améliorer ses infrastructures, à combattre la corruption, à améliorer la santé et l'éducation de sa population et à attirer davantage de femmes sur le marché du travail.

Les secteurs d'activité les plus prometteurs sont aussi ceux qui sont les plus dépendants de la question politique - bref, de la teneur d'un accord: l'investissement direct étranger, les services et la mobilité de la main-d'oeuvre temporaire.

Et si un accord de partenariat économique global (APEG) n'est pas signé d'ici la fin de 2015?

Les auteurs préconisent un accord à portée moindre touchant des secteurs définis, qui pourrait être ensuite modifié selon les besoins et les circonstances.

L'important est de commercer avec l'Inde.