Le Japon a vu son déficit commercial fondre de 72% en juillet grâce à la chute de la facture énergétique, a annoncé mercredi le ministère des Finances, mais le volume des exportations reste à la peine.

Le déficit est tombé à 268,05 milliards de yens (2,8 milliards de dollars CAN), contre 966,5 milliards un an plus tôt. Les analystes escomptaient mieux: ils misaient sur un déficit de seulement 53 milliards de yens.

À l'exception du mois de mars dernier, les comptes commerciaux du Japon sont ancrés dans le rouge depuis maintenant trois ans, conséquence de l'accident de Fukushima de mars 2011 qui a entraîné un bond des dépenses en hydrocarbures. Les compagnies d'électricité ont en effet été obligées d'augmenter la production de leurs centrales au gaz, pétrole et charbon pour compenser la mise à l'arrêt des réacteurs nucléaires.

La situation s'est cependant améliorée ces derniers mois grâce à l'effondrement des prix de l'or noir.

En juillet, les importations ont reculé de 3,2% à 6931,8 milliards de yens (73 milliards CAN), une baisse liée aux moindres dépenses en pétrole (-24,6%), produits pétroliers (-33,4%) et gaz naturel liquéfié (-40,7%).

Dans le même temps, les exportations ont progressé de 7,6% à 6663,76 milliards de yens, tirées par les ventes d'automobiles, en particulier en direction du marché américain (+30%), de bateaux et de semi-conducteurs entre autres.

Ce chiffre est néanmoins trompeur: la dépréciation du yen, qui gonfle les recettes en provenance de l'étranger une fois converties en monnaie nippone, masque un repli en volume (-0,7%), sous l'effet du ralentissement en Chine, avec laquelle le déficit s'est creusé.

La Chine est le premier partenaire commercial du Japon, et les récentes turbulences (essoufflement de la croissance, chute des marchés boursiers, dévaluation du yuan) inquiètent les entreprises nippones.

Avec les États-Unis en revanche, l'excédent commercial reste très confortable. Les exportations se sont envolées de 18,8% en valeur (-0,2% en volume). Les échanges avec l'Union européenne se sont pour leur part montrés dynamiques (+10% en valeur, +5,5% en volume).

«Les États-Unis et l'Europe se redressent, mais la Chine pèse sur les exportations du Japon. L'économie japonaise ne peut pas s'appuyer sur la demande extérieure pour sa croissance future», estime Taro Saito, économiste à l'institut de recherche NLI, interrogé par l'AFP.

Or l'Archipel ne peut pas compter non plus sur la consommation des ménages nippons qui reste anémique, plus d'un an après l'entrée en vigueur d'une taxe à 8% (contre 5% auparavant) qui avait temporairement plongé le pays en récession.

Le produit intérieur brut (PIB) a rechuté de 0,4% au cours de la période d'avril à juin, après deux trimestres consécutifs de croissance, un revers pour le gouvernement de Shinzo Abe qui tente depuis plus de deux ans de relancer la troisième puissance économique mondiale via une stratégie dite «Abenomics» composée de trois «flèches» (largesses budgétaires, assouplissement monétaire et réformes structurelles).

Devant ces difficultés, certains experts prônent un nouveau plan de relance du gouvernement et un assouplissement monétaire de la Banque du Japon.