La Grèce et ses créanciers ont trouvé un accord tôt mardi, en vue d'un troisième plan d'aide au pays «d'environ 85 milliards d'euros» (123 milliards de dollars), ont annoncé des officiels grecs à l'issue d'une négociation-marathon, même si quelques détails restaient à régler en cours de journée.

Dans un communiqué, la Grèce prétend pouvoir «assurer» grâce à cette somme, en échange d'une longue liste d'ajustements budgétaires et de réformes, «la couverture de ses remboursements d'emprunts et des arriérés de paiement de l'État pour les trois prochaines années».

La Commission européenne a tempéré un peu l'enthousiasme d'Athènes à la mi-journée, en notant prudemment qu'il s'agit «à ce stade d'un accord au niveau technique», que «les discussions se poursuivent pour finaliser les détails», et qu'il faut désormais «un accord au niveau politique».

La prochaine étape, a expliqué la porte-parole de la Commission, Annika Breidthardt, consiste en «une évaluation politique». Une réunion téléphonique du Comité économique et financier (CEF) du Conseil européen, qui regroupe des responsables des 28 ministères des Finances, devait avoir lieu «en début d'après-midi», pour que «tous les États membres puissent être informés».

Athènes d'un côté, et de l'autre les quatre institutions créancières du pays, Union européenne (UE), Banque centrale européenne (BCE), Fonds monétaire international (FMI) et Mécanisme européen de stabilité (MES), enfermés dans un hôtel du centre de la capitale grecque, discutaient depuis plus de deux semaines pour essayer de conclure ce plan d'aide, le troisième depuis 2010.

Tôt mardi matin, après un marathon final de 22 heures, une source gouvernementale grecque a indiqué à l'AFP que les négociateurs avaient «trouvé un accord». Le ministre des Finances Euclide Tsakalotos a évoqué pour sa part les «un ou deux petits détails à régler», mais une autre source gouvernementale grecque a assuré que ces détails «n'affectent pas l'esprit général de l'accord».

Selon le quotidien Kathimerini, la Grèce a dû s'engager pour arracher l'accord à mener immédiatement 35 réformes dans tous les secteurs économiques.

Parmi les pays européens, l'avis de l'Allemagne sera particulièrement scruté. Berlin s'est montré partisan ces derniers jours de prendre le temps de conclure un accord «solide», quitte à offrir à Athènes un prêt-relais dans les prochains jours pour lui permettre d'honorer un paiement de 3,4 milliards d'euros (4,9 milliards de dollars) dû à la BCE le 20 août.

«L'exhaustivité passe avant la rapidité», avait commenté lundi le porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel, Steffen Seibert.

Volonté générale d'accord

Le gouvernement grec pour sa part semble vouloir absolument sortir de ces négociations qui durent depuis l'arrivée du premier ministre Alexis Tsipras en janvier.

Le Premier ministre, selon l'agence grecque ANA, s'est ainsi lancé lundi soir dans une rafale de coups de téléphone, à Mme Merkel, au président français François Hollande, au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et au président du Parlement européen Martin Schultz, qui aurait permis de confirmer «la volonté générale d'un accord», affirme ANA.

Selon la Commission européenne, M. Juncker a aussi été pour sa part «en contact étroit avec les équipes sur le terrain». Il s'est aussi entretenu lundi au téléphone avec le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, et a prévu de parler aussi mardi avec Mme Merkel et M. Hollande.

Selon le site d'information in.gr, le gouvernement a l'intention, une fois qu'il sera parachevé, de soumettre l'accord au Parlement dès mardi après-midi, avec l'objectif d'un vote jeudi.

Dans ce cas, l'Eurogroupe (réunion des ministres des Finances de la zone euro) serait en parfaite position pour acter tout cela vendredi, un calendrier idéal pour que la Grèce puisse recevoir à temps de quoi payer la BCE le 20 août, sans prêt-relais.

Déjà dans la nuit, un premier pas important avait été annoncé, avec un accord sur les objectifs budgétaires de la Grèce pour 2015-2018, socle indispensable de l'accord final.

Il est désormais prévu, selon l'agence grecque ANA, que la Grèce connaisse un déficit primaire (solde du budget hors remboursement de la dette) de 0,25% du PIB en 2015, avant des excédents primaires de 0,5% du PIB en 2016, 1,75% en 2017 et 3,5% en 2018, au lieu d'excédents chaque année, comme prévu précédemment.

Mais les négociateurs ont dû tenir compte de l'important ralentissement économique qui pèse sur le pays, un peu plus paralysé encore depuis fin juin par un strict contrôle des capitaux, mis en place pour éviter une panique bancaire.

Le gouvernement grec s'est d'ores et déjà félicité de cette révision, qui permet selon lui au pays d'éviter sur les trois prochaines années 20 milliards d'euros (29 milliards de dollars) de mesures d'économies budgétaires supplémentaires.