L'avion de combat américain F-35, toujours cloué au sol pour des raisons de sécurité, va manquer sa première apparition internationale prévue vendredi au Royaume-Uni, un raté embarrassant pour le programme militaire le plus coûteux des États-Unis.

L'appareil devait apparaître à partir de vendredi à la réunion aérienne militaire Royal International Air Tatoo (RIAT) à Fairford, dans l'ouest de l'Angleterre, avant de se produire au salon aéronautique de Farnborough, qui se déroule du 14 au 20 juillet dans les environs de Londres.

Même s'il était rapidement autorisé à reprendre ses vols, il ne pourrait pas arriver à temps vendredi, a reconnu jeudi Lorraine Martin, la directrice du programme chez le constructeur américain Lockheed Martin, qui espère toutefois que l'avion puisse voler en Angleterre ces jours prochains.

«Ce n'est pas à moi de décider, mais j'espère que ce sera le cas», a-t-elle dit à des journalistes sur la base aérienne de Fairford, à la veille de l'ouverture du RIAT.

«Dès que les avions arriveront, ils prendront part au maximum au programme des vols», a-t-elle ajouté.

La totalité de la flotte des F-35 américains est toujours clouée au sol sur décision des autorités américaines, afin que se poursuive une enquête sur les raisons d'un incendie survenu à bord d'un de ces appareils fin juin.

Cet incendie pourrait toutefois être un incident isolé, a indiqué jeudi le Pentagone. «Il y a un ensemble de preuves qui semble montrer de plus en plus qu'il s'agirait d'un problème isolé et pas général», a affirmé Frank Kendall, secrétaire américain adjoint à la Défense chargé des acquisitions, devant une commission du Congrès. «Mais nous n'en avons pas pour le moment la certitude», a-t-il cependant ajouté.

L'avion, qui a déjà souffert d'une série de contretemps liée à des problèmes techniques, a vu son budget exploser pour atteindre près de 400 milliards de dollars.

Le «meilleur avion»

Le secrétaire à la Défense Chuck Hagel a apporté son soutien au programme des F-35, jeudi sur base d'Eglin en Floride, là où est survenu l'incendie. «Des pilotes m'ont dit qu'il s'agissait du meilleur avion sur lequel ils avaient jamais volé, et certains m'ont dit que c'était l'appareil le plus facile et le plus simple» à faire voler, a-t-il affirmé.

M. Hagel a reconnu «des problèmes» avec cet appareil, mais rappelé que tout nouveau programme rencontrait des obstacles techniques.

«Nous avons toujours une enquête en cours» et «nous n'avons toujours pas appris assez de choses» sur cet incident, a déclaré jeudi le général Chris Bogdan, chargé du programme pour le département de la Défense américain.

Il serait potentiellement embarrassant pour le F-35 de rater tout ou partie de RIAT et du salon de Farnborough, où l'appareil «multirôles», qui se décline en trois versions, devait faire ses débuts internationaux.

D'autant que le Royaume-Uni et ses industriels BAE Systems et Rolls-Royce sont des partenaires de premier plan du programme.

Ce pays possède pour l'instant trois appareils basés aux États-Unis pour des tests et le gouvernement britannique doit bientôt passer sa première commande ferme d'appareils opérationnels.

«C'est le bon salon pour commencer parce que le Royaume-Uni est la seule nation qui soit un partenaire de premier plan pour le programme F-35», a souligné Lorraine Martin.

La démonstration en vol de l'appareil en Angleterre est d'autant plus importante que de nouveaux contrats à l'exportation sont nécessaires pour essayer de faire baisser le prix unitaire d'un avion très coûteux, mis au point aujourd'hui avec une dizaine de pays. La Belgique est par exemple l'un des pays où Lockheed espère pouvoir vendre son avion à l'avenir.

«La démonstration potentielle du F-35 va relancer le débat sur les futures capacités militaires aériennes européennes. Toutefois, sa présence est encore incertaine... et les enjeux sont par conséquent très importants pour Lockheed Martin», a commenté Edward Hunt, consultant chez IHS.